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Argent public : Le fabuleux train de vie d’un employé du CCME

La transparence n’est pas le point fort d’une institution publique comme le CCME. Nous avions déjà essuyé des insultes lors de la préparation d’un article au sujet d’un email qui aurait été envoyé par Driss Ajbali, prétendu directeur du CCME, et qui faisait mention d’une caisse noire. Bien qu’une enquête ait été diligentée, rien n’a filtré sur les résultats pour infirmer ou confirmer l’origine de l’email. Aujourd’hui, il est question de la bonne utilisation de l’argent public puisque nous nous sommes procurés des documents qui soulèvent de nombreuses interrogations.

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Qui a payé le voyage à Phuket pour un montant de 33 089 DH ? (DR)
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Il y a quelques semaines, nous avons reçu la visite d’une personnalité bien introduite qui a eu la gentillesse de nous transmettre quelques documents qui posent de nombreuses interrogations. Ces documents concernent une seule et même personne, Driss Ajbali, qui est officiellement coordinateur général et non directeur du CCME comme il aime à se présenter. La nuance est de taille puisqu’elle implique des responsabilités différentes.

Silence (gêné ?) du CCME

Conformément à la déontologie journalistique, après avoir pris connaissance de ces documents, nous avons contacté Driss Ajbali pour qu’il nous éclaire sur leur contenu. Nous avons choisi de le faire par courrier électronique afin d’éviter d’être insulté verbalement comme la dernière fois, et surtout pour que les responsables du CCME, mis en copie, n’ignorent rien de l’affaire. Malheureusement, après une semaine de silence, et malgré avoir relancé par mail, ni Driss Ajbali, ni Driss El Yazami, ni Abdellah Boussouf n’ont daigné nous répondre.

Le premier point que nous avons souhaité éclaircir porte sur la place de Driss Ajbali au sein du CCME. Puisque de manière officielle il est coordinateur général, pourquoi agit-il comme un directeur ? Comment se fait-il que cet employé prenne la parole au nom du CCME pour s’exprimer sur des sujets sensibles comme le droit de vote des MRE ou pire, pour insulter les associations ? Driss El Yazami et Abdellah Boussouf auraient-ils délégué leurs prérogatives à cet employé ? Aucun des deux responsables n’ont pris la peine de clarifier la situation, ni de répondre à nos interrogations légitimes.

Combien coûte un coordinateur général ?

Mais plus que la responsabilité réelle de l’électron libre Driss Ajbali, c’est son coût pour le Conseil, et donc pour nous, contribuables, qui est préoccupant. Selon des documents en notre possession et nos calculs, le coordinateur général reviendrait au CCME, en masse salariale uniquement, à environ 1 million de DH chaque année. A cela, il faut évidemment ajouter les avantages en nature telle que par exemple, la voiture qui est mis à sa disposition.  Au cours des  4 dernières années il a probablement bénéficié d’autres avantages tel qu’un logement de fonction, …

Il y a d’autres avantages que Driss Ajbali ne rechigne pas à s’accorder. Par exemple, les voyages en classe affaire. Ainsi, quasiment à chaque fois qu’il voyage pour le  CCME, une place en classe affaire est réservée pour cet employé. Les autres salariés du conseil profitent-ils de cet avantage ? Selon les personnes que nous avons interrogées, ils n’ont pas le droit à ce traitement de faveur. Même son de cloche chez les membres du CCME qui sont pourtant bénévoles mais qui devront se contenter de la classe économique.

Classe affaire ? Parce-que je le vaux bien !

Mais le privilège dont M. Ajbali jouit a un coût difficilement supportable en ces temps de difficultés budgétaires pour l’Etat marocain. Pour donner un exemple concret, nous pouvons citer le voyage (billet ci-joint) Casablanca-Paris, départ le 18 janvier, retour le 19 janvier 2012, qui a coûté la modique somme de 14 814 DH. Un billet en classe économique aurait coûté 3 à 4 fois moins cher

Malheureusement, nous n’avons pu vérifier auprès de l’intéressé s’il a lui-même payé ce voyage ou si le CCME l’a pris à sa charge. Tout ce quel l’on peut affirmer aujourd’hui, c’est que le billet émane de l’agence Asfar Tour Hassan, qui est également l’agence régulièrement sollicitée par le CCME. Ce voyage pose aussi la question de la mission qu’il a accomplie entre samedi et dimanche alors que, selon nos informations, aucun évènement du conseil n’avait lieu à cette date. D’autres billets et d’autres destinations vont encore plus nous étonner.

Y a-t-il des Marocains en Thaïlande ?

Les voyages en France ne sont pas les seuls. D’autres destinations beaucoup plus exotiques et beaucoup plus onéreuses ont été réservées par cette même agence pour Driss Ajbali. Par exemple, ce voyage à bord d’un avion de la compagnie Emirates pas vraiment connue pour ses vols low-cost. Parti de Casablanca, le 13 août 2011, il a atterri à Phuket, en Thaïlande, via une escale à Dubaï (billet ci-joint). Le retour en date du 21 août 2011 laisse imaginer que le voyage était plus récréatif que professionnel étant donné le nombre de Marocains à Phuket. Coût du vol : 33 089 DH.
Alors par qui cette agence de voyage accréditée par le CCME a-t-elle été payée pour ce billet d‘avion ? Par le CCME ? Par Driss Ajbali ? Ou l’a-t-elle offert à un bon client ? Il y aurait alors un conflit d’intérêt des plus gênants ! A notre grand regret, toutes ces questions sont restées sans réponse de la part de l’intéressé ou d’un responsable du CCME.

Salaire annuel brut s’élevant à environ 1 million de DH, avantages en nature, voyages en classe affaire, et peut-être même des destinations exotiques… Si l’on devait additionner tous ces éléments, la note deviendrait vite astronomique pour un conseil dont le budget annuel se situait à 45 millions de DH en 2008. Le CCME apportera-t-il les éclaircissements sur ces différents documents ou continuera-t-il la politique de l’autruche ? La diaspora marocaine, les associations MRE, les membres du CCME, ainsi que les députés du parlement marocain ont surement hâte d’en savoir plus.

Documents exclusifs : 

- Billet voyage Casablanca-Paris (France)
- Billet voyage Casablanca-Phuket (Thaïlande)