Auteur: Zakya Daoud
« En Orient, on voile la femme sous le joug de l'homme et l'homme sous le joug du gouvernement : là où les femmes jouissent de leur liberté individuelle, les hommes jouissent de leur liberté politique, les deux situations sont interdépendantes", disait le journaliste égyptien Qasim Amin en 1898 dans la libération de la femme (le Caire). Cette histoire des mouvements féministes maghrébins depuis le début du siècle est donc aussi celle de la difficile émergence de l'individu contre la prédominance de la loi du groupe et celle de l'autoritarisme des Etats. A leur corps défendant, les Maghrébines ont été les premières à ouvrir la voie, ce qui les rend pour beaucoup d'analystes désespérés par les élites, les intellectuels et les politiques, l'unique vecteur crédible de cette transition douloureuse que vit la région. Dans cette lutte, faite d'avancées et de reculs constants, à la mesure des aléas politiques, les femmes maghrébines posent des questions fondamentales qui concernent la personne humaine, tous sexes confondus. Après les gains en matière d'enseignement, de travail, de planning familial, elles s'attaquent aux changements juridiques et à l'accès au politique. Les Tunisiennes ont longtemps, bénéficiant de l'antériorité, paru les plus offensives, les Algériennes, les plus contestataires et les Marocaines celles qui s'inscrivaient davantage dans la durée. Mais, aujourd'hui, les luttes des unes et des autres se rejoignent dans une revendication commune pour le progrès et la démocratie ».