Auteur: Tahar Ben Jelloun

En 1984, Tahar Ben Jelloun publiait ce livre dans un contexte bien particulier. A l'époque, en effet, se multipliaient des attentats racistes, dont les immigrés maghrébins faisaient les frais. Le visage de la France, terre d'asile et patrie de l'universel, se trouvait gravement altéré par ces remugles de haine resurgissant du plus noir passé. C'est en hommage à ces victimes des crimes racistes que Tahar Ben Jelloun écrivait ces pages qui eurent un grand retentissement. Treize ans après, elles retrouvent une saisissante actualité et méritent d'être redécouvertes. Le contexte a changé. A la haine instinctive de "l'autre" a succédé un fantasme d'invasion par les immigrés clandestins et de dissolution de "l'identité française". Le Front National a prospéré sur ce terreau-là. La tentation est grande, pour la droite comme pour la gauche, d'en rajouter sur le terrain de la "fermeture" des frontières pour reconquérir un électorat inquiet. Les lois Pasqua-Debré, les expulsions de "sans-papiers" et le durcissement de l'esprit du temps s'inscrivent dans cette perspective. Dans un contexte différent, une même valeur se trouve menacée : une certaine idée de l'hospitalité française, une tradition d'ouverture et de générosité que l'on croyait propre à la France. Tahar Ben Jelloun a donc souhaité reprendre son texte de 1984, le compléter à l'aide d'une soixantaine de pages nouvelles et reposer, d'une voix forte, la même question de fond : quelle idée de la France souhaitons-nous faire prévaloir ?