Auteurs: A. Moussa, Jean-Pierre Péroncel-Hugoz
" Je n'ai pas lu ce livre comme un roman, mais comme une authentique confession dont je n'ai jamais rencontré le narrateur. Celui-ci est un jeune Frère-musulman égyptien des années 1970, sous le régime anti-communiste et pro-américain du président Anouar El Sadate, lorsque celui-ci croyait servir son projet politique en laissant se reconstituer la " Sainte Confrérie ", fondée vers 1928 à Ismaïlia, sur le canal de Suez, par l'idéologue coranique Hassan El Banna, dont les petits-fils, ironie de l'Histoire, sont les frères Ramadan, ardents propagateurs, à l'heure où j'écris ces lignes, de l'idéologie islamisante, au cœur même de l'Europe... Le narrateur, après avoir été affilié en Egypte à cette société secrète, rituellement, sous les auspices du Coran et d'un revolver, accepte, pour un maigre salaire, de prendre le chemin du Liban avec une partie de sa famille... Une fois dans le feu extrêmement violent de cette fausse guerre civile, de ce bien réel conflit libano-palestinien - et c'est la partie du livre qui m'a le plus intéressé, car elle m'a enfin montré ce qui se passait dans les rangs " islamo-progressistes " en train de détruire le Liban - le narrateur en vient peu à peu à douter du bien-fondé de sa militance islamo-guerrière... Malgré son endurcissement préalable, devant tant de crimes abjects commis au Liban, y compris par lui, notre homme finit par sentir monter en lui un dégoût qui finira, au terme d'un drame personnel, par aboutir à son éloignement de la Confrérie des Frères-Musulmans jusqu'au dénouement fatal... obligatoirement fatal... Certes, je ne dispose d'aucune preuve irréfutable de la totale authenticité de ce récit, si ce n'est que sa lecture, abordée par moi avec naturellement beaucoup de méfiance, s'est très vite muée en intime conviction de sa véracité sur l'envers d'un conflit particulièrement cruel. Le djihad, la guerre sainte d'Ibrahim, au Levant, a bien eu lieu, hélas! - seulement, contrairement à des milliers d'autres impitoyables combats de ce type contre tout ce qui n'est pas musulman, ce djihad-ci se termine par un revirement déchirant sur lui-même du moudjahid, le et " combattant de la guerre sacrée "... Faut-il dès lors penser avec Mahomet qu' " Un seul juste dans le pèlerinage rachète tout le pèlerinage " ?