Auteur: Michèle Kasriel
Les femmes de la tribu des Aït Hadiddou, berbères du Haut-Atlas Central marocain ont une réputation de grande liberté entretenue par la légende qui entoure leur fête annuelle, le moussem d'Imilchil appelé également " foire aux fiancés " : il est dit en effet qu'au cours de cette fête tout musulman peut épouser sur le champ une femme de la tribu, celle-ci ayant une entière autonomie quant au choix de son conjoint. L'apparente liberté de ces femmes pose nécessairement problème : comment au Maroc, pays arabo-musulman, pourrait-il coexister deux statuts différents de la femme, ce qui supposerait le fonctionnement singulier d'une société locale à l'intérieur d'une société globale, l'Etat marocain ? Pendant 10 ans (1978-1988) l'auteur a étudié le fonctionnement de cette micro-société, repérant les transformations qui y sont intervenues. Sa démarche est inhabituelle puisqu'elle a choisi de privilégier les femmes en tant qu'acteurs sociaux, indicateurs et agents du changement alors que les monographies des sociétés traditionnelles sont généralement centrées sur le rôle des hommes, seuls détenteurs du politique, c'est-à-dire de l'organisation sociale du groupe.