France : Deux Marocains au cœur du scandale de proxénétisme des Bleus

Le week-end dernier, la chaîne de télévision française M6 a révélé l’existence d’une enquête visant quatre joueurs de l’équipe de France, portant sur des faits de proxénétisme sur mineure dans une boîte parisienne. Sans préciser leurs noms, la chaine a indiqué que deux d’entre eux ont déjà été entendus par un juge d'instruction de la capitale. L’un est joueur majeur évoluant dans un club étranger et l’autre en Ligue 1 française, énonçait M6. Dimanche, l’information a été confirmée par d’autres sources. Les noms de ces footballeurs ont par la suite été révélés par Lepoint.fr et L'Equipe. Il s’agirait de Franck Ribéry et Sidney Govou.

Selon Lexpress.fr, après des mois d’écoute, la brigade de répression du proxénétisme (BRP) a fait une descente policière, le 12 avril, au Zaman Café, un établissement huppé dans un passage sur l’avenue des Champs-Élysées. Parmi la vingtaine de jeunes femmes arrêtées et entendues, l’une d'entre elle aurait compté Franck Ribéry parmi ses fréquentations. A l’époque des faits, elle était mineure.

Les deux Bleus ont démenti implicitement

Les deux joueurs ont été entendus comme témoins au courant de la semaine dernière par la BRP de Paris. Le milieu offensif du Bayern de Munich aurait reconnu avoir eu une relation avec une prostituée d'origine marocaine. Il s’est défendu toutefois, en affirmant qu’il ignorait qu'elle était mineure, a indiqué à l'AFP une source au parquet de Paris. Par la suite, "Kaiser Franck" a réagi dimanche soir, via son avocate, Me Sophie Bottai. Dans un communiqué envoyé à RMC Sport, elle a affirmé : "Des personnalités, dont Franck Ribéry et d'autres joueurs de renommée internationale, comptent dans leur relationnel un proche d'un animateur d'un réseau d'escort girls. C'est uniquement en raison de cette relation qu'ils ont été ou seront entendus par les services de police, à qui une enquête a été confiée. Cette affaire ne le concerne pas et ne pourrait, dans le pire des cas, que relever de la seule sphère privée de son client et n'appelle ainsi aucun autre commentaire.".

Quant à l’ailier lyonnais, Sidney Govou, il a également reconnu fréquenter la même jeune femme, mais devenue majeure. Comme Ribéry, il a réagi par l’intermédiaire de son avocat, Me Thierry Braillard. "Mon client tient à affirmer qu'il n'est lié ni de près ni de loin à quelconque réseau de proxénétisme. Sidney Govou n'a notamment jamais mis les pieds au fameux Café Zaman à Paris. Pour le reste, l'ampleur que prend cette affaire le blesse profondément parce qu'elle affecte ses proches et altère son honneur."

Govou pourrait s’en tirer sans poursuite judiciaire. Ribéry en revanche, risque gros. Mais, "il revient au juge André Dando de décider de le mettre en examen ou pas", a précisé l’AFP, citant une source du parquet parisien. La loi française prévoit une peine allant jusqu'à 3 ans de prison et une amende de 45.000 euros pour les relations avec des prostituées mineures.

Quid des deux autres Bleus impliqués ?

Les deux autres noms qui sont cités dans cette affaire sont ceux de Karim Benzema et d’Hatem Ben Arfa. Mais seul un de ces joueurs aurait fréquenté la jeune fille d’origine marocaine lorsqu'elle était mineure. Les deux pensionnaires des Bleus devraient être auditionnés prochainement par la BRP, selon Lepoint.fr.

Les mis en cause ont tout nié. "Ce n'est pas moi", a admis Ben Arfa dans une interview vidéo accordée à L'Équipe TV. Son avocat, Me Jean-Jacques Bertrand, s’est exprimé sur Lepost.fr dans le même sens, le lundi. "De près ou de loin, Hatem Ben Arfa n'est absolument pas concerné par cette affaire" a-t-il dit. L'attaquant du Real Madrid s’est également défendu par l’intermédiaire de son représentant Karim Djaziri. "Karim n'a pas été convoqué. Il n'a rien à voir avec cette affaire", a-t-il martelé sur Lepost.fr.

Pour le moment, quatre individus sont écroués dans le cadre de cette affaire. Ce sont le dénommé Abou, de son vrai nom Abou Sofiane, le patron du Zaman et deux autres intermédiaires du monde de la nuit. Trentenaire d'origine marocaine et connu sous le pseudonyme d’ "Abou Show ", Abou aurait présenté la prostituée à des cadres de l’équipe de France. Cet organisateur de soirées à Lyon et à Paris, après quatre castings sans succès à l’émission de téléréalité "Nouvelle star", est devenu animateur sur des chaines locales. Il travaillait en outre au Zaman.

Quelles conséquences pour les joueurs impliqués ?

Les autorités françaises en charge du football se sont jusqu’à présents abstenues de tout commentaire. Seul le cas de Franck Ribéry commence à montrer déjà des effets. Son futur probable transfert en Espagne est mis en cause par des médias ibériques. De même, le joueur qui devait participer à la conférence de presse du mardi après-midi avant le match contre Lyon le mercredi, a été remplacé de commun accord avec le club par le défenseur allemand, Philipp Lahm.

S’agissant de l’équipe de France, inutile de rappeler que ce scandale arrive au mauvais moment, non seulement à cause des performances du groupe de Raymond Domenech, mais aussi et surtout à moins de deux mois de la Coupe du monde. Influera-t-il sur la sélection finale des joueurs le 11 mai prochain ? Sinon seront-ils sanctionnés ? Et comment ? Pour mémoire, une simple affaire extra-conjugale avait fait perdre à John Terry le brassard de capitaine de l’équipe d’Angleterre. Les Français seront-ils plus ou moins sévère que les Anglais, d’autant qu’il s’agit d’une affaire de proxénétisme, plus grave que l’infidélité ?