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Voyage chrétiens musulmans de Rhône-Alpes en Algérie
T
13 août 2007 22:08
Salam


Ci-après témoignage de Mustapha Cherif, sur ce voyage qui s'est déroulé au Printemps dernier.


Une délégation de musulmans et de chrétiens lyonnais s'est rendue en Algérie en février dernier. Un voyage qui a marqué les cœurs de ceux qui ont eu le privilège de l'accomplir et a touché les algériens qui ont eu la joie de les rencontrer, ou de les suivre. Un point a été fait dernièrement sur ce voyage à Lyon, à l'Université catholique, avec le Cardinal Philippe Barbarin, Archevêque de Lyon, Monsieur Azzedine Gaci, Président du Conseil régional du culte musulman, et moi-même si heureux de venir témoigner de la réussite de cette belle expérience.


M. Azzedine Gaci, qui est aussi Recteur de la mosquée de Villeurbanne, était à l'origine du déplacement. Il avait été ému par la diffusion, dans un lycée, d'un documentaire consacré à Luc Dochier, le plus vieux des moines de Tibhirine. « Il avait des paroles douces, vraies, qui respiraient la sincérité. Je me demandais si les jeunes en face de moi comprenaient vraiment le sens profond de la foi que dégageait l'homme », a expliqué le jeune dignitaire musulman. Au plus profond, cela me ramenait à l'islam qui appelle au respect des porteurs de foi quels qu'ils soient ». Il a proposé cette visite interreligieuse, qui a vite été acceptée, avec la conviction de répondre à un appel, par le Cardinal. «Le voyage entend mettre en relief les liens existants entre la région de Lyon et l'Algérie et permettra aux responsables chrétiens et musulmans, engagés dans un effort de connaissance mutuelle, de se retrouver pour un temps fort de visites communes et de témoignages ».


Selon le président du CRCM, « ce qui importe, c'est la découverte de comment on peut vivre nos différences et ce qui nous rapproche, à partir d'un enracinement authentique chacun dans sa religion, sa tradition ». Il a souligné que le prophète de l'Islam est « le prophète de la miséricorde », qui incite à être « les propagateurs de la paix ». Le but de ce voyage spirituel était de marquer l'attachement à la coexistence et au pardon.


La délégation s'est déplacée d'abord à Annaba (berceau de Saint Augustin), à Constantine, capitale culturelle des Oulémas, puis à Alger, où repose l'Emir Abdelkader, figure emblématique de l'amitié Islamo-Chrétienne, et enfin à Tibhérine,
cette étape fut très émouvante.


Le cardinal Barbarin, personnalité attachante et qui a marqué ses interlocuteurs en Algérie, l'a reconnu d'emblée comme enseignement premier : « ce voyage est une étape importante quant à la compréhension de l'autre ». Tout comme Azzedine Gaci a fait part de son admiration face aux prêtres et croyants qui aiment tant Jésus le Messie, le Cardinal à propos de ses compagnons de voyage musulmans nous a dit « Ceux-là ils aiment Dieu, et ça se voit ». Il raconte, par exemple, avec le sourire, comment les chrétiens, pensant se lever tôt (6h30) lors de l'escale constantinoise, virent arriver la délégation musulmane qui sortait non pas du lit, mais de la prière du matin ! Et le fervent chef ecclésiastique de dire que « le moteur du dialogue, c'est l'admiration » et de conclure à propos de ces échanges interreligieux : « Je ne sais pas où on va, mais on y va avec une détermination sans faille, et avec une grande joie ». Les plus hautes autorités religieuses algériennes ont accueilli avec attention la délégation, le Ministre des Affaires religieuses, le Président du Haut Conseil islamique et le Président de l'Association des Ulémas. Chacune de ces hautes autorités a fait preuve d'une écoute et d’une disponibilité qui a touché les hôtes de l'Algérie.


Des débats sincères et respectueux eurent lieu, des échanges mutuellement enrichissants ont marqué les rencontres. L'ambiance était fraternelle et même émouvante.


(suite...)
T
13 août 2007 22:09
(...suite)


Personnellement j'ai accueilli les voyageurs à Alger au seuil de la tombe de l'Emir Abdelkader. A cette occasion j'ai cité l'Evangile et Ibn Arabi, paroles de communion, j’ai lu la prière de la Fatiha. J'ai insisté, comme je l'avais souligné à la Bibliothèque Nationale le dernier soir de cette mémorable visite, pour dire que face à l'autre nous devons avoir confiance, je faisais allusion à ma rencontre avec le Saint Père BENOÎT XVI. On ne doit pas désespérer de l'autre. Si les musulmans et les chrétiens, l'Algérie et la France ne donnent pas l'exemple, qui le donnera ? L'histoire et la proximité spirituelle l'exigent. Il ne faut pas cesser de montrer que, sans syncrétisme, les frontières peuvent être dépassées. Les enjeux sont à notre portée. On veut nous séparer alors que nous sommes chacun à notre manière tous Orient et Occident. Dans l'histoire séculaire, nous avons plus été amis qu'ennemis.


Face au désenchantement du monde, aux multiples défis et en cette époque trouble, ce voyage est un signe d'espérance. Nous rencontrer, dialoguer est une nécessité, chacun des participants l'a bien vécu ainsi. Notre crédibilité est en jeu : Quand on parle d'amour, de paix, d'amitié, certains ne nous croient plus, d'où l'importance de donner l'exemple, d'échanger, de rendre visite, de s'ouvrir, parce que le Coran, les Evangiles, sont innocents, tout vient de l'aveuglement et de l'ignorance. La communauté chrétienne d'Algérie a vécu ce voyage comme un soutien moral est un signe d'espérance, que le vivre ensemble est possible; la présence de l'Archevêque d'Alger, Monseigneur Teissier, notamment à Tibhérine, en était le signe. Tous les participants ont bien compris, et certains depuis longtemps, que le dialogue est vitale, en tout cas il n'est pas fermé, ce beau voyage l'a si bien confirmé et cela fait du bien de le savoir et de le faire savoir.


Mustapha CHERIF
s
19 août 2007 20:35
 
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