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Match WAC-OM : Le « coup de ciseaux » de 2M

Alors qu’il était dans l’anti-chambre du Mondial 98, le onze national français se trouvait, quelques jours avant le coup d’envoi de cette même Coupe du Monde, à Casablanca pour les besoins de la Coupe Hassan II.

On se souvient qu’à cette date et pour en mettre plein la gueule à nos amis français et aux autres équipes participantes à ce tournoi, comme on aime à le faire, on avait importé par pans entiers un gazon aseptisé, payé rubis sur l’ongle en devises sonnantes et trébuchantes. Un gazon digne de celui de Birmingham...

Je me rappelle aussi, qu’alors qu’il se pliait à une séance d’échauffement avant de pénétrer sur l’aire du jeu, un confrère un peu zélé, pour ne pas dire fêlé et qui était lui stupéfait de l’état de la nouvelle pelouse, n’avait pas mieux trouvé que d’approcher Karambeu par la question tout aussi saugrenue que bizarroïde : « Comment trouvez-vous le gazon du stade ? ». Je vous laisse imaginer la tête, les yeux ronds faits par l’international français ne sachant pas et c’est vrai, que ce gazon si resplendissant, venait à peine d’atterrir. C’est vrai aussi que nous autres marocains, on ne sait parfois que faire pour plaire à nos hôtes étrangers au risque de se mêler les pinceaux.

Ah ! si notre confrère s’écoutait, les analogies en termes de questions pouvaient abonder : « Comment avez-vous trouvé notre couscous, notre pastilla, nos charmeurs de serpents, notre ahidouss, notre debbana handya, notre djaj beldi, votre Adriana, notre Sidi Qadour El Alami...

Si Karambeu devait faire partie aujourd’hui de l’effectif de l’Olympique de Marseille venu pour un match dit amical contre le WAC, il ne reconnaîtrait plus que ce gazon qui faisait le temps du tournoi Hassan II, la fierté de pas mal de bipèdes et qui a fini quelques jours après, par perdre de sa superbe et de son éclat pour rendre l’âme à jamais.

Barthez qui faisait lui aussi partie de l’équipe française qui avait participé au tournoi Hassan II et qui était lui bien présent face au WAC et qui s’est fait ramasser lui et son équipe, n’est pas prêt d’oublier la « sacrée soirée » dont il est sorti, non sans quelques bleus à l’âme et le regret, comme l’avait si bien dit notre ami Najib Salmi, celui d’avoir rajouté à son chapelet de c... un geste qui va lui coller à la mémoire pour bien longtemps.

Pourtant, pour recevoir l’OM, le WAC avec toutes ses composantes et avec lui les autorités, les forces de l’ordre, le public avaient bien répondu au vœu formulé par Philipe Troussier et son état major : celui d’offrir une ambiance de travail, grandeur nature - si l’on peut dire - à une équipe phocéenne en pleine mutation.

Il ne manquait ce soir là sur le terrain qu’une troupe de gnaouas et quelques chameaux pour boucler la boucle. C’est dire à quel point on était aux petits soins avec nos hôtes.

Même pour diriger la rencontre, on avait prévu tout ce qui se fait de mieux en matière d’arbitrage, puisque cette tâche fût dévolue à l’arbitre international Achiri.

« 2M » qui retransmettait en direct, le match a, elle, aussi sortit la panoplie de circonstance : caméras sur poteaux, caméras d’épaule, consultants, micro-baladeurs... Notre ami Mourad El Moutawakil qui fut chargé de recueillir à chaud sur fond de « mistral », les états d’âme de quelques pontes marseillais ne s’est jamais démarqué des questions de la lignée de celles posées autrefois à Karambeu : « Comment vous trouvez le public casablancais ? », « Et le public, ça va comme vous voulez ? »...

Des questions qui, on en convient, n’étaient pas faites pour enquiquiner ni d’aller dans le sens contraire du poil.

C’est vrai aussi que pour ce genre de rencontres, aléas du direct obligent, le leitmotiv de rigueur, ne pouvait être que... le happy end et que des dérapages incontrôlés risqueraient de mettre le feu à la maison.

Et paf ! ça n’a pas raté, puisque ce match décliné comme amical avait fini en quenouille, en corrida, en pugilat et en crachats.

Sans vouloir pointer du doigt celui ou ceux qui avaient mis le feu aux poudres, pourquoi ne pas dire clairement que si les joueurs marseillais avaient pété les plombs sous la provocation parfois plus que musclé des joueurs wydadis, c’est parce qu’ils avaient sous-estimé leurs adversaires et qu’au départ ils s’attendaient à ce que le club marocain leur sert de punching-ball au point d’oublier que dans ce genre de rencontres, les « autochtones » peuvent se transcender en sortant le match de leur vie, dans l’espoir de taper dans l’œil de recruteurs potentiels.

Mais ce qui est encore plus regrettable, c’est l’attitude de 2M qui après avoir vu que les joueurs en sont venus aux mains et se faisaient traiter de tous les noms d’oiseaux et que les hostilités allaient crescendo, le réalisateur a « déconnecté » les images « envahissantes » et embarrassantes pour rediffuser à satiété les buts de la rencontre en attendant que l’orage passe, au grand dam des téléspectateurs.

Une attitude pathétique et ridicule puisque en « dégoupillant » de la sorte, 2M n’a fait qu’irriter et courroucer davantage, en renouant avec un antique procédé que l’on croyait mis dans les oubliettes et que ce « style » » n’était dévolu qu’à la TVM qui faisait dans la frilosité et qui regimbait dans des cas pareils, dès qu’il est question de l’image du Maroc, des Marocains au nom de la sacro-sainte : « Qu’en dira-t-on ? »...

Des Wydadis qui tabassent les Marseillais ou vice-versa ; où est le problème ?

Il n’a jamais été dit que les coéquipiers d’Abrami doivent courber l’échine et faire de la figuration et que s’ils ont fait un jeu égal avec des pros payés en Euros, c’est qu’ils avaient des arguments à faire valoir qu’après tout même s’ils sont loin d’être des enfants de chœur, ils font aussi partie des enfants du monde et qu’il leur arrive aussi de disjoncter comme Zidane, comme Cantona, comme Barthez, comme tous les joueurs de la planète-foot.

La chaîne d’Aïn Sebaâ a-t-elle oublié qu’elle pouvait « occulter » les images « gênantes » tant qu’elle voudra, en sachant que les Marocains zappeurs et fouineurs en diable, retrouveront de sitôt ces mêmes images plus zoomées » et plus commentées sur des télés qui traitent leurs téléspectateurs et par conséquent leurs clients, en adultes.

Si dans le futur, 2M ne veut pas de « vagues », elle n’a qu’à diffuser les matches en léger différé. Comme ça elle aura tout le loisir de faire voguer les ciseaux, en cachant des images qu’on ne saurait voir...

Mohamed AMZIL
Source : L'Opinion

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