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Terrorisme : Quand la DST profane le Coran

Après quatre jours de garde à vue, Madame Bach est sortie libre. C’est le mardi 21 juin 2005 à 6H, que cette habitante de Montpellier La Paillade (34), mère de trois enfants est menottée avec son époux et en présence de leurs enfants. Des hommes et des femmes en cagoule et en armes, agissant pour le compte du contre espionnage français (DST), les ont emmenés. Dans une lettre rendue publique la semaine dernière dont SaphirNet a vérifié l’authenticité, Madame Bach dénonce les conditions de son interrogatoire.

« Marocaine, je bois, je fume et je t’emmerde »

Une musulmane dans une salle face à ses interrogateurs. On l’oblige à retirer son Hijab. On lui défait sa chemise pour dévoiler le haut de ses seins en l’encourageant de quelques compliments ironiques sur ce décolleté et la beauté de ce corps qu’elle cache sous son voile. Elle essuie des railleries sur le Coran auquel elle se réfère. Objectif : déstabiliser le sujet. La scène ne se passe pas à Guantanamo. Elle se passe en France, à Montpellier. La femme est Madame Bach, épouse de Hamid Bach, présumé terroriste et soupçonné de préparer des attentats contre des objectifs situés en Italie.

Agé de 35 ans, Hamid Bach est mis en examen et écroué le lundi 27 juin dans le cadre de l’enquête sur « filière irakienne ». Actuellement à la prison de Fleury Mérogis (91), il est poursuivi pour « détention de substances explosives en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. »



Durant sa garde à vue, Madame Bach est interrogée par l’agent « Khadija ». Un prénom qui lui évoque celui de la « mère des croyants », épouse du Prophète de l’islam et première femme devenue musulmane. « Khadija » opère en présence de ses collègues de la DST. Dans une lettre touchante détaillée qu’elle diffuse par l’intermédiaire de ses proches et auprès du Conseil régional du culte musulman du Languedoc Roussillon, Madame Bach écrit : « L'interrogatoire commence par le pourquoi du port du voile qui, de plus, est de couleur noire ; les motivations de ce choix et de leur réciter des versets coraniques s'y rapportant. A ma réponse naïve à toutes ces questions, Khadija Ragragui, la femme de Loi m'a répondu : « moi je suis Marocaine, je bois, je fume et je t'emmerde. » Entre temps, quand j'essayais de dissimuler mes cheveux sous ma tunique, cette même personne me les ressortait en me faisant l'éloge de ma « beauté ». L'interrogatoire se poursuit toujours en me posant des questions d'un air intéressé sur des sourates ainsi que sur des versets du Coran. « Qu'est-ce que ton Allah dit sur la sourate des femmes ? » Une fois ma réponse émise, « mon amie Khadija » me suggéra de m'asseoir sur le Coran et de me servir des versets pour essuyer mes déjections. Evidemment les termes utilisés par cette personne sont autrement plus vulgaires que je n'ose même pas les rapporter ici. »


Deux exemplaires du Coran déchirés

Peu satisfait de ce harcèlement moral, l’interrogatoire se fera plus physique comme l’écrit madame Bach : « les tapes sur la tête, les gifles accompagnées d'insultes du style : « ânesse, saleté, ***, manipulatrice, intégriste, terroriste… » Toute cette scène s'est déroulée sous les encouragements et les applaudissements de ses collègues du sexe fort. Certains se permettaient des : vas-y Khadidja, tu vas y arriver. Toutes ces humiliations ont été subies dans des conditions inhumaines :

- Station debout pendant tout l'interrogatoire (seul repos accordé : une à deux heures de sommeil (allongée) par nuit.

- Deux à trois gobelets d'eau par jour.

- Refus de me remettre mon foulard pour accomplir mes prières quotidiennes.

J'aurai beaucoup d'autres exemples à fournir, mais cela prendrait trop de temps, car le calvaire a duré 96 heures. »



Madame Bach a finalement été relâchée, aucun chef d’inculpation n’ayant été retenu contre elle. Elle a retrouvé ses enfants et a pu regagner son domicile passé au peigne fin par les enquêteurs. Au milieu de ses meubles renversés, des ses tableaux éventrés et de son papier peint arraché, elle a eu la surprise de découvrir ses deux exemplaires du Coran déchirés. Quant à ses bijoux et son porte-monnaie, ils se sont volatilisés. Madame Bach a pris un avocat et a décidé de porter plainte pour le traitement subi pendant ces quatre jours.


Ali Berthet
Source: Saphirnet.info

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