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Afflux de mineurs marocains à Madrid

Porte d'entrée de l'Europe du Sud, l'Espagne est désormais confrontée à une nouvelle facette de l'immigration clandestine. Depuis quelques mois, des centaines de mineurs marocains parviennent à entrer illégalement sur le sol espagnol via le détroit de Gibraltar.

Selon Madrid, l'arrivée de ces jeunes, la plupart âgés entre 13 et 16 ans, aurait augmenté de 23% par rapport à l'an passé. Les autorités espagnoles ont hébergé près de 300 nouveaux adolescents depuis le début de l'année, soit autant que durant toute l'année 2004. Hier, la secrétaire d'Etat en charge de l'Immigration, Consuelo Rumi, s'est réunie à Madrid avec le directeur général des Affaires étrangères marocaines, Amzazi, et des experts policiers des deux pays pour tenter de trouver une solution à cette nouvelle forme d'immigration, devenue la première préoccupation des autorités espagnoles.


Pour le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero, l'immigration de jeunes Marocains, en majorité des garçons issus du monde rural, est un véritable casse-tête. Selon la loi espagnole, il est impossible d'expulser des mineurs de moins de 16 ans sans avoir identifié auparavant leur famille restée au Maroc.


Or la grande majorité de ces clandestins adolescents débarquent en Espagne sans papier et refusent de communiquer aux autorités espagnoles l'adresse de leurs parents. En outre, tous ces candidats à l'exil affirment avoir moins de 16 ans pour éviter d'être expulsés. Afin de déterminer leur âge exact, les autorités sanitaires ont mis en place un système pour mesurer l'ossature des clandestins, mais très peu de ces tests ont été concluants. L'an dernier, l'Espagne a rapatrié seulement 62 mineurs. La possibilité de rester en Espagne après avoir tenté la traversée du détroit de Gibraltar est donc quasiment garantie pour les mineurs marocains. En effet, à leur arrivée sur les côtes espagnoles, ils sont immédiatement pris en charge par les services publics. Chaque région espagnole a en effet le devoir de les héberger jusqu'à leur majorité dans des centres d'accueil. Dans la plupart des cas, l'administration locale se met alors en branle pour que ces jeunes clandestins obtiennent un permis de résidence après avoir atteint leurs 18 ans.


Si jusqu'ici les centres d'accueil espagnols parvenaient à maintenir un équilibre précaire, ils sont depuis quelques semaines au bord de la saturation. Dans les «maisons refuges» d'Andalousie et de l'archipel des Canaries, deux régions situées en première ligne de l'immigration illégale, la tension est montée d'un cran ces derniers jours. La communauté andalouse est en charge de 752 mineurs marocains, alors qu'elle ne dispose que de 540 places. A l'instar des autorités canariennes, le président d'Andalousie, le vétéran socialiste Manuel Chavez, a demandé à Rabat de créer des centres pour mineurs au Maroc.


Une initiative qui devait être le thème principal de la réunion hispano-marocaine hier à Madrid et qui a suscité une levée de boucliers au sein des associations et ONG de défense des droits des immigrés. La plupart des ces organisations humanitaires dénoncent le laxisme de l'administration marocaine, qui ne prend aucune mesure pour freiner l'immigration clandestine dont les principaux bénéficiaires sont les mafias installées sur le littoral marocain. La traversée du détroit de Gibraltar des mineurs marocains est désormais l'un des négoces les plus rentables pour les passeurs marocains. Chaque famille doit dépenser environ 800 € pour que l'un de ses enfants rejoigne le continent européen.

Source: Le Figaro

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