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Grippe A H1N1: Trois Marocaines meurent dans des circonstances presque similaires

Depuis l’apparition de la grippe A H1N1 au Mexique, trois Marocaines ont succombé des suites de l'infection de ce virus. Ces trois personnes ont plus que leur marocanité en commun. Elles résidaient toutes à l’étranger, ont été admises à l’hôpital avec de la fièvre et des symptômes de grippe A et enfin, ont toutes donné naissance à un enfant avant de décéder. Retour sur ces faits, dans lesquels les familles de victimes ont reproché aux structures médicales, des erreurs de traitement ayant entraînées la disparition de leurs proches.

Le 30 juin, Dalila Mimouni est décédée à l’hôpital Gregorio Marañón de Madrid des suites de la grippe mexicaine, selon le ministère espagnol de la Santé. La Marocaine a été le premier cas mortel de la pandémie en Espagne. La maladie de la jeune femme de 20 ans, se serait aggravée à cause de l'état avancé de l'asthme dont elle souffrait et de sa grossesse, ajoute la même source. Le mari de la défunte, au contraire, a clamé haut et fort que son épouse était une athlète et n'était pas asthmatique. Il a ensuite accusé les services de santé espagnols de manquement à leur devoir. Deux semaines plus tard, Rayan, le prématuré à qui Dalila avait donné naissance par césarienne avant sa mort, est décédé à cause d’une erreur professionnelle des infirmières qui s’occupaient de lui.

Toujours en Espagne, mais cette fois à Séville. Une Marocaine est décédée à l’hôpital de Valme le samedi 22 août des suites de la grippe A (H1N1) d’après la MAP. Cette femme de 39 ans, avait été admise dans ce centre de santé le 16 août dernier avec des symptômes de grippe A, une fièvre élevée et une douleur thoracique. Enceinte de 39 semaines, Najat Edahri, a donné naissance par césarienne à une petite fille, avant d’être transférée vers l'unité de soins intensifs de l'hôpital. La famille de Najat, avec à sa tête son veuf, reprochent à la structure sévillane de ne pas les informer de la gravité de l'état de la victime.

Selon le mari Abdeslam Kfaiti, contacté par la MAP, il a appris l’état de sa femme par la direction de l’hôpital, deux heures avant qu’elle ne décède. Et ce n’est pas tout. Il a aussi déclaré que l’administration hospitalière lui a affirmé que le décès n'est pas dû à des complications de grippe A, mais à un virus qui aurait attaqué le cœur de son épouse. A-t-elle été contaminée au sein du centre de santé ? Le malheureux veuf ne s’arrête pas en tout cas à ce niveau. Ses deux autres enfants, âgés de 13 et 16 ans, ont été traités pour grippe A, avant d'être autorisés à quitter le même hôpital. Najat Edahri aurait-elle été victime d’une négligence ? La question reste en suspens.

Entre ces deux événements tragiques, un autre s’est produit au Canada. Il s’agit de la disparition d’une autre Marocaine, à Montréal. Fatiha Idrissi Kaitouni, 23 ans. Elle s'était rendue à l'hôpital Sainte-Justine pour cause de fièvre, le vendredi 7 juin selon Radio Canada. Après le diagnostic d’une pneumonie, la jeune femme fut transférée d'urgence à l'hôpital Sacré-Cœur. Elle subira le même jour une césarienne car les médecins « craignaient des complications. Elle avait de la difficulté à respirer et manquait d'oxygène», d’après une de ses amies Ghita Benchekroun, qui l’a accompagnée à l’hôpital. A la suite de cet épisode de bonheur qu’est la naissance d’un enfant, la mère fut victime d'une hémorragie. Elle entrera dans un coma artificiel et sera maintenue sous respirateur. On annoncera quelques semaines plus tard à Mohamed Hassani Idrissi, l’époux de Fatiha que sa femme ne se réveillerait pas de son coma. Et le vendredi 14 août au matin, l’administration a pris la décision de débrancher la jeune femme des appareils qui la maintenaient en vie. Auparavant, Mohamed Hassani Idrissi avait appris que sa femme était atteinte de la grippe A H1N1 une semaine après son admission à l'hôpital, soit à la mi-juin.

L'hôpital Sacré-Cœur, contacté par La Presse canadienne, n'a pas voulu confirmer la version de Mohamed. Mais d’autres sources ont confirmé à la Presse, la contamination par la grippe porcine de la Marocaine. Le veuf de Fatiha ne l’entend pas de cette oreille. Il soutient que le personnel soignant de Sainte-Justine n’a pas administré d'antiviraux à son épouse dans les 24 premières heures. Par ailleurs, il aurait porté plainte à l'hôpital Sainte-Justine «pour éviter que d'autres femmes ne soient victimes d'injustice», d’après les mêmes sources. Pour Benchekroun, l’amie de la regrettée, cité par la même source, « le lendemain de son admission, un médecin a même signé une feuille pour la laisser quitter l'hôpital». Une information non confirmée à Sainte-Justine.

Si le bébé de Dalila est mort par erreur médicale, les deux autres nouveau-nés se portaient bien selon les dernières informations. Les cas des Marocaines ne sont pas isolés. A l’instar de la grippe ou d’autres maladies, les femmes enceintes sont plus vulnérables. Celles qui sont enceintes et porteuses du virus A (H1N1) ont quatre fois plus de risques que la moyenne d'être hospitalisées, conclut une étude américaine publiée en juillet, citée par La Presse. Ces femmes présentent en plus, un taux de mortalité plus élevé.

Ibrahima Koné
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