Yassine Bellassal, 18 ans, est un supporter du FC Barcelone. Une passion qui lui coûte 18 mois de prison. Il avait écrit sur le tableau la devise du Maroc « Dieu, la Patrie, le Roi », en substituant le dernier par « Barça ». Chose qui n'a pas plu au principal de l'école d'Aït Ourir, un village près de Marrakech, qui l'a dénoncé à la Gendarmerie.
C'est qu'au Maroc, on ne plaisante pas avec le nom du monarque. Le ministère public accuse le jeune Yassine de manque de respect du au Roi. Malheureusement, rien de surprenant. Après, comme à l'accoutumée dans ce genre d'affaires, on assiste à un jugement expéditif, où il n'a bien entendu pas eu le temps ni l'occasion de recourir à un avocat. Yassine Bellassal a été condamné mercredi 22 octobre dans l'après-midi à 18 mois de prison.
Il a commencé à purger sa peine dans la prison de Boulmharez, à Marrakech, entassé dans une cellule avec environ 80 autres prisonniers de droit commun, selon les dires de sa famille. Avec l'appui de cette dernière, au regard de l'accomplissement de certaines formalités, il a pu continuer à étudier depuis la prison.
Peu de détails sont disponibles sur l'affaire : Les faits remonteraient à la fin du ramadan et Yassine aurait été condamné quarante-huit heures après son arrestation. Il doit passer son baccalauréat cette année.
On ne sait sur quel article de loi s'est basée ce que nous devons avec beaucoup de peine appeler la « Justice ». La sentence a indigné le peu de journaux marocains qui ont pu reprendre l'affaire, comme par exemple Al Jarida Oula. Mais la mobilisation médiatique n'a pas la même envergure que lors d'affaire touchant des journalistes ou blogueur. La société civile marocaine quand à elle exprime sa protestation dans les forums de discussion.
Après l’affaire des détenus du 1er mai, après l’affaire Mourtada (février), puis celle d’Erraji (septembre), on se demande à qui profitent toutes ces bavures. Des jugements moyennageux que le monarque lui-même est très certainement loin d'approuver, et qui font perdre tout espoir à un peuple déjà élevé à la terreur. Comment peut-on condamner de manière aussi expéditive un adolescent pour une blague et montrer moins d'empressement lorsque d'autres tirent à balles réelle sur un agent de police ?
Nezha Maachi
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