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Les détails de l'arrestation de l'un des neuf évadés de Kénitra

L'information a d'abord été publiée sur les colonnes de notre confrère arabophone «Al Ayam», dans sa livraison du 1er mai, avant qu'une minuscule dépêche de la MAP ne la confirme, le même jour : Mohamed Chetbi, un des neufs détenus islamistes évadés de la prison de Kénitra, a été arrêté.

Les sources policières, citées par l'agence, parlent d'une arrestation qui aurait eu lieu à Rabat dans la nuit du 6 au 7 avril, soit le soir même de la grande évasion de la prison centrale de Kénitra. Etrange. Autre élément contradictoire : deux complices, répondant au nom de Mohamed Saïd Essoussi et Khalid Guemmouri, et qui auraient donné refuge au fugitif avaient également été arrê­tés. Problème : Essoussi a été interpellé le 24 avril dernier, soit plus de deux semaines après Chetbi. Ce qui n'est pas logique. Ce qui fait dire à l'hebdomadaire que l'interpellation de ce dernier a eu lieu le jeudi 24 à minuit, au quartier l'Océan de la capitale, soit 17 jours après l'évasion de prison. Deux raisons seraient derrière le black-out dont les autorités ont entouré cette arrestation. «La première est d'éviter que les huit autres évadés n'agissent sous le coup de la précipitation ou la panique,ce qui serait éventuellement dangereux. La seconde est la possibilité que la police ait voulu interroger Chetbi sur ses co-détenus évadés, mais sans que ceux-ci ne soient alertés sur son arrestation», explique cette source proche des mi­lieux salafistes. Condamné à 20 ans de prisons en 2002, Chetbi n'aurait opposé aucune résistance au moment de son arrestation, se contentant de confirmer son identité aux forces de police qui avaient encerclé la maison où il s'était barricadé, et de leur tendre des mains jointes, prêtes à être menottées. Il se serait fait un point d'honneur d'innocenter les personnes présentes dans la même maison en disant qu'il était le seul responsable de l'évasion et que ses hébergeurs n'étaient au courant de rien. C'est d'ailleurs pour les protéger qu'il a pris le soin de quitter la maison et de se livrer à l'extérieur. Chetbi est arrêté, mais les huit autres évadés sont toujours dans la nature. Aucun élément les concernant n'a, pour l'heure, filtré des milieux sécuritaires. Du Côté des officiels, c'est le silence radio. Le ministère de l'Intérieur et la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) se refusent encore à tout commentaire. Cette arrestation n'en constitue pas moins un ouf de soulagement, après une mobilisation mêlée à un sentiment de gêne, qui durent depuis près d'un mois dans les rangs des responsables sécuritaires. C'est également la preuve que les évadés n'ont pas (en tous cas pas tous) quitté le territoire. Elle marque enfin la fin de la cavale de celui que la police avait présenté comme la tête pensante de la célèbre évasion.

Avec son frère Kamal, arrêté en 2002 au poste frontière de Sebta alors qu'il rentrait au Maroc, Mohamed Chetbi est le plus connu des évadés. Cela explique la rapidité avec laquelle il a été appréhendé. Avant sa première arrestation, pour appartenance à la mouvance salafiste et les chefs d'accusations accompagnant ce type de poursuites, Mohamed Chetbi a longtemps séjourné en Afghanistan, sous l'étendard des Talibans, avant de partir, sur instruction de ses «supérieurs» en Iran et en Espagne, dont il avait le titre de résidence, ainsi que son frère(égalemént condamné à 20 ans de prison). De retour au Maroc, et malgré ses séjours afghans et iraniens, il n'a cessé de multiplier les déplacements vers l'Europe. En 2002, son passé le rattrape et sa maison est encerclée par les forces de l'ordre. Principal motif : ses accointances avec un certain Abdelkrim El Mejjati (membre du groupe islamiste combattant marocain, tué en Arabie Saoudite) et des entraînements militaires au pays des Talibans, à côté de Marocains, ayant par la suite intégré le Groupe salafiste marocain pour le combat et la prédication (GSPC). «Bien que très approximatives, ces accusations sont accompagnées par des séances de torture auxquelles la santé mentale de Chetbi ne résiste pas. Une fois en prison, Chetbi devient dépressif. Il a même déjà tenté de se suicider à maintes reprises. Et n'était-ce des anti-dépresseurs qu'il consommait régulièrement, il aurait fini par mettre définitivement fin à ses jours», relate notre source. Après 5 années passées derrière les barreaux des prisons de Salé, Casablanca et Kenitra, lui, son frère et 7 autres «frères» ont fini par prendre la poudre d'escampette en empruntant un tunnel de plus de 20mètres. Sa liberté retrouvée n'aura été que de courte durée. D'après l'association de soutien aux détenus salafistes Annassir, sa famille n'était pas au courant du lieu où il s'était réfugié, encore moins de sa récente arrestation.

Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos

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