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Une journée internationale de solidarité avec Mourtada

La condamnation de Fouad Mourtada à trois ans de prison ne passera pas comme une lettre à la poste. A la décision de la défense de faire ap­pel contre ce jugement s'est ajouté un élan mondial de solidarité.

Du Maroc comme d'ailleurs, ils ont été 5.000 à signer une pétition appe­lant à sa libération. Mieux encore, et organisés le plus souvent dans le cadre de forums et de blogs, les dé­fenseurs de Mourtada ont décrété le 1er mars comme journée interna­tionale de solidarité avec le premier prisonnier de Facebook au monde. C'est ainsi que des sit-in sont d'ores et déjà programmés devant les am­bassades du Maroc dans pas moins de 7 capitales européennes et nord-américaines (Paris, Montréal, Lon­don, Bruxelles, Washington DC, Amsterdam et Madrid). Au Maroc, on évoque également l'organisation de marches de solidarité à Rabat et Casablanca. Un sit-in est d'ailleurs prévu samedi prochain dans la ca­pitale, devant l'Ecole Mohammédia des ingénieurs. Ce sera en marge du Congrès national des ingénieurs du Maroc, événement qui se tient pour la première fois depuis treize ans.

Les organisations de droits de l'homme se saisissent également de l'affaire. Après Amnesty Inter­national, qui a qualifié Mourtada de prisonnier d'opinion, l'Associa­tion marocaine des droits de l'hom­me (AMDH) monte également au créneau. Ceci, pour dénoncer le mauvais traitement dont la famille Mourtada a fait l'objet au moment de rendre visite à Fouad à la prison de Oukacha. C'était mardi dernier. Reçue le jour même par les mem­bres de l'association à Rabat, la fa­mille a fait part de bon nombre de provocations. «C'est comme si nous avons une bande de malfrats ou les pa­rents d'un baron de drogue », confie Ilyas, le frère de Mouratada. Non seulement tous les membres de la famille (le père, la mère, la sœur et le frère) ont subi des fouilles, mais la sœur de Mourtada s'est vu confis­quer un carnet où elle avait noté des contacts et des notes personnelles, le temps que les pages indésirables soient déchirées. De même, Ilyas s'est vu retirer son carnet de chèques. «En tant que défense, nous avons l'intention de déposer plainte auprès du directeur des prisons au ministère de la Justice », déclare Ali Amar, avocat de Fouad. La même démarche a été adoptée par l'AMDH. «Nous y voyons une atteinte aux libertés individuelles et une sorte de punition collective. Nous considérons qu'il s'agit d'un prisonnier d'opinion et que, partant, il a droit à un minimum de considération. D'ailleurs, sa place n'est pas parmi les prisonniers de droit commun», dit Abdelatif Moustaghfir, membre de l'AMDH chargé de cette affaire. Ayant demandé, hier mercredi, à faire appel, la défense prépare sa réplique. «Ce sera notamment pour remettre en cause certains éléments ayant conduit à sa condamnation», affirme maître Amar. Il s'agit notamment de questions de forme, comme la procédure de perquisition, qui n'aurait pas été respectée. Alors que l'article 79 du code pénal spéci­fie qu'un accord écrit du concerné est obligatoire, sans quoi la perqui­sition et ses résultats sont considérés comme nuls, le PV de police indique que seul un accord tacite de Fouad a été obtenu. A cela s'ajoute la pé­riode de garde à vue, de 48 heures prolongeable une fois, qui n'aurait pas été respectée non plus. «Il se trouve que le début dé celle-ci est daté du 6février, sa fin le 8 du même mois. Nous savons pertinemment que Fouad Mourtada a été enlevé et interrogé la veille, ne sachant pas, de surcroît, où il était», dit la défense. C'est dire que l'affaire promet bien d'autres rebondissements.

Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos

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