Menu

Les gardiens de voitures marocains en colère

«On nous enlève le pain de la bouche». Ce sont les propos de nombreux gardiens de voitures. Ces derniers ont organisé, hier matin, un sit-in devant la wilaya de Casablanca. Ils étaient nombreux à clamer leur colère face à la remise en service des horodateurs.

De fait, 160 nouvelles machines vont être installées pour couvrir 4.000 places de parking dans la commune urbaine de Sidi Belyout. Un projet qui s’inscrit dans le plan visant le réaménagement les espaces de stationnement de la métropole. De fait, la ville était littéralement congestionnée à ce niveau. Elle fait partie du top ten des villes méditerranéennes à grande densité d’occupation de voitures par hectare. En effet, dans des villes comme Paris ou Barcelone, la moyenne est de 21 voitures/hectare. A Casablanca, ce chiffre atteint facilement les 41 voitures/hectare. «Cette difficulté de stationner pénalise largement la ville, des points de vue urbain et économique», soutient Taoufiq Ahmed Naciri, chef de division des autorisations et d’exploitation à la commune urbaine de Casablanca.

Solution: construire des parkings aériens et même souterrains. Ce projet là demeure en cours pour l’instant. L’Etat est actuellement en phase de repérage et prévoit la création d’une société mixte. La Caisse de dépôt et de gestion (CDG) et la société ParkiGram désirent y participer.

Mais, les fameux gardiens, ces hommes et parfois ces femmes qui travaillent jour et nuit sont inquiets quant à leur devenir. Soit plus de 400 professionnels titulaires d’une autorisation. Parmi eux, on retrouve d’anciens combattants et soldats. Après avoir payé les redevances à la commune, il ne leur reste plus que 50 DH, voire 70 DH dans le meilleur des cas pour subvenir aux besoins de leur famille. «Après nous avoir exploités, voilà qu’ils nous mettent à la porte. Nos richesses vont aux Espagnols. Quelle honte !», s’indigne Bouchaïb Maya, gardien et ancien joueur du Wac.

Cependant, ces gardiens doivent effectuer des travaux en parallèle pour arrondir leur fin de mois. Ce qu’ils gagnent n’est pas suffisant. «Nous avons demandé à rencontrer le maire, en vain», proclame Mansouri Joundi, représentant syndical. Ils ont même proposé des solutions pour travailler en commun avec la société espagnole, désignée comme le gestionnaire délégué, Parc Parking, filiale de la société espagnole ParkiGram. «Nous leur avons proposé d’affecter chaque gardien près d’un horodateur pour continuer à travailler», ajoute Joundi. Par ailleurs, les gardiens légaux dénoncent l’arrivée de nombreux «parasites» dans le secteur. Ils font de la concurrence déloyale. Ils enfilent une blouse bleue et opèrent dans les petites ruelles. Pour l’heure, Parc Parking a recruté 45 gardiens après concertation avec les autorités locales. Un deuxième contingent est prévu lors du lancement de la 2e tranche d’horodateurs. Ces derniers percevront des salaires variant entre 2.500 et 3.000 DH. Mais cela ne suffit pas. Leurs collègues menacent de durcir le ton. Ils estiment avoir été «trahis» et parlent de suicide collectif.

Sara Badi
Source: L'Economiste

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com