Menu

Baisse spectaculaire de la production de haschich au Maroc, selon l'ONU

La culture et la production de cannabis au Maroc ont connu une baisse spectaculaire en 2005, selon une étude de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Unodc, selon l'acronyme anglais) qui sera publiée début mars.

Les superficies consacrées à la culture du cannabis ont chuté de 40 % d'une année sur l'autre. Elles ne représentaient plus, en 2005, que 72 000 hectares dans le nord du royaume (le rif), la zone traditionnelle de culture.

La dégringolade de la production de résine de cannabis est encore plus importante. Selon l'étude de l'Unodc, conduite avec les autorités marocaines, elle accuse un recul de 62 % (à 1 066 tonnes) entre 2005 et 2004.

Deux facteurs expliquent la baisse globale : "Des conditions météorologiques défavorables (la sécheresse a sévi) et le succès de la campagne d'éradication" menée depuis plusieurs années par les autorités. Dans un entretien récent au quotidien espagnol El Pais, le ministre marocain de l'intérieur, Chakib Benmoussa, avait affirmé qu'"aucun autre pays producteur au monde n'a réalisé autant d'efforts ni obtenu autant de succès" dans la lutte contre la production de cannabis.

Le Maroc reste cependant le premier producteur et le premier exportateur mondial de haschich.

Une comparaison avec les chiffres publiés en 2003 au Maroc permet de mesurer le chemin parcouru en terme de lutte antidrogue. Il y a quatre ans, la culture du cannabis occupait plus de 100 000 hectares, et près du tiers de la superficie agricole du Rif. Et la production de résine dépassait 3 000 tonnes.

L'évolution n'est cependant pas uniforme dans toutes les provinces du Nord. Dans la région de Taunate, où la culture du cannabis est récente, les efforts des autorités ont porté leurs fruits tant et si bien que, fin 2006, la culture du cannabis devait avoir "totalement disparu" de la zone, selon le document de l'ONU. C'est également le cas dans la province de Larache, plus à l'Ouest. En revanche, au coeur du Rif, dans les zones où la culture et la production de hachisch sont anciennes et les cultures de substitution très rares (Chefchaouen et Tétouan), beaucoup reste à faire.

Le Maroc n'est pas l'unique pays producteur de cannabis en Afrique. L'Egypte, l'Afrique du Sud, le Nigeria participent aussi à l'approvisionnement du continent noir et de l'Europe, le principal marché. Au début des années 1990, souligne le document, 16 % des saisies de cannabis étaient effectuées en Afrique ; aujourd'hui la proportion est de l'ordre de 30 %.

Le rapport de l'Unodc pointe aussi la place prise par l'Afrique dans le trafic de cocaïne. Si la drogue vient d'Amérique latine, elle transite de plus en plus par des pays d'Afrique centrale et d'Afrique de l'Ouest. Le Nigeria, la Guinée-Bissau, le Togo, le Bénin sont quelques-uns des pays cités dans le rapport tandis que le Ghana "est utilisé comme une zone importante pour le transbordement et une base logistique".

Autre sujet d'inquiétude pour les auteurs du rapport, les liens entre les trafiquants de cocaïne et ceux de cannabis. "Les organisations criminelles d'Amérique latine impliquées dans le trafic de cocaïne, écrivent-ils, sont en train de nouer des relations avec les groupes criminels concernés par le commerce du cannabis au Maroc et en Espagne."

Jean-Pierre Tuquoi
Source: Le Monde

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com