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Six Marocains sur dix versent des pots-de-vin

La police, la justice, la santé mais aussi les partis politiques et le pouvoir législatif sont les secteurs les plus exposés à la corruption au Maroc. Ce constat a été révélé lors de la présentation des résultats du Baromètre global sur la corruption de Transparency International pour 2006.

Et ce ne sont pas les seuls secteurs incriminés. Un cran légèrement au-dessous mais tout autant mouillés, l’armée, les impôts, le secteur privé ou encore les médias pourtant censés donner l’exemple ou du moins montrer la voie à suivre. Mais c’est la police qui décroche la timbale de la plus grande corrompue dans l’étude menée par Transparency et cela dans pratiquement tous les pays de la zone Afrique. Dans le reste du monde, ce sont les partis politiques qui sont considérés comme étant les plus «véreux» en deuxième position. Rien de bien réjouissant pour le Maroc, surtout si l’on sait que le Baromètre mondial le classe comme étant le 2e pays le plus exposé à la corruption dans l’échantillon mondial retenu après l’Albanie.

Résultat, au Maroc, inclus pour la première fois dans cette opération, 60% des personnes interrogées ont indiqué qu’elles étaient (elles ou un membre de leur famille) dans l’obligation de recourir à la corruption au cours des 12 mois précédant l’enquête. En d’autres termes, six Marocains sur dix ont versé des pots-de-vin en 2006.
Par classement pays, le Maroc occupe la seconde place (2e pays le plus exposé). Le système d’appréciation se fait selon une échelle de 1 à 5; la note 1 «signifie totalement non affecté par la corruption et 5 extrêmement touché». Sur cette base, une note égale ou supérieure à 4 a été attribuée à trois secteurs marocains: la police (4,2), la santé (4) et les services publics administratifs (4,1). Pour la vie politique, les partis et les parlementaires ont reçu la note 3,5. Les services utilitaires (téléphone, eau, électricité…) et religieux sont les plus «clean», selon l’enquête. «Ces résultas confirment notre point de vue sur l’ampleur de la corruption au Maroc», précise Azzddine Akesbi, secrétaire général de Transparency Maroc (TM). Selon lui «Il existe une forte corrélation entre les conclusions de cette enquête avec les indices de perception de la corruption publiés par Trancsparency International sur le Maroc».

A propos des efforts déployés pour moraliser la vie publique, uniquement 20% des Marocains approuvent le travail du gouvernement, 39% le jugent inefficace et 15% considèrent que l’Etat encourage même la corruption. Il s’agit de la quatrième édition d’un sondage effectué par l’agence Gallup international destiné à mesurer la pratique de la corruption au sein de la société. L’enquête de cette année a permis de sonder 59.000 personnes dans 62 pays. «Effectivement, les pouvoirs publics ont l’intention de lutter contre la corruption, mais il faut le concrétiser sur le terrain», souligne le SG de TM. Ce dernier réclame également l’implication de son organisation dans la préparation des projets de loi pour combattre ce fléau. A titre d’exemple, il rappelle que l’ONG n’a pas été associée à la préparation du projet de loi sur la déclaration du patrimoine. Il regrette ce manque de concertation malgré l’engagement du gouvernement. Pour le choix de l’organe qui se chargera du contrôle, TM insiste sur les facteurs de compétence et d’indépendance. «Le choix de la Cour des Comptes est en tout cas meilleur que celui d’une instance dans laquelle les agents n’ont pas le statut de magistrat».

Nour Eddine EL AISSI
Source : L'Economiste

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