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Islam: Défiance vis-à-vis des prêcheurs formés en France

Beaucoup de fidèles préfèrent avoir affaire à des imams traditionnels, « venus du bled ».

LES FIDÈLES musulmans en France souhaitent-ils réellement avoir des imams formés en France ? Les demandes effectuées par les communautés semblent nettement l'infirmer. Directeur de l'Institut de théologie de la Mosquée de Paris qui affirme avoir formé « une vingtaine d'imams et autant d'aumôniers », Jelloul Seddiki reconnaît que « les gens de là-bas, de l'Algérie, du Maroc ou d'ail­leurs connaissent par coeur le Coran ». « Ils sont, dit-il, capables de citer par coeur les 114 chapitres et les 6 247 versets, et cela fait beaucoup d'effet ! »

Ces imams venus « du bled » possèdent le précieux label d'une formation « traditionnelle », effectuée dans un pays musulman. La confiance semble leur être plus facilement accordée. Environ 150 à 160 imams sont d'ailleurs des fonctionnaires détachés par leur pays d'origine (Algérie ou Turquie), envoyés en France pour une durée de quatre ans. Et parmi les quelque 600 imams permanents qui résident en France, la très grande majorité d'entre eux sont arrivés du Maghreb - pour beaucoup du Maroc - ces vingt dernières années, qui ont vu une très forte augmentation des salles de prière et des mosquées. Aujourd'hui, nombre d'entre eux possèdent la double nationalité.

Moins de prêches politiques

Les demandes des associations cultuelles dépassent largement l'offre des pays d'origine ou les autorisations de séjour délivrées par les autorités françaises. Plusieurs difficultés existent. Les prêches jugés trop politiques seraient moins nombreux depuis les années 2000. Le recrutement de prêcheurs « saisonniers », notamment en période de ramadan, est parfois source de conflit. Les autorités peinent à trouver des interlocuteurs représentatifs.

Durant ce mois de prière, les imams soutiennent la pratique des fidèles par la récitation du Coran. « Nous les faisons venir d'Algérie, du Maroc, de Turquie et, dans une moindre mesure, d'Égypte, explique Jelloul Sediki ; mais chaque année, nous devons négocier de manière serrée avec le gouvernement pour leur obtenir des autorisations de séjour. » La communauté musulmane semble donc encore réticente à adopter des imams formés en France. Le directeur de l'Institut de théologie l'admet : « Nous n'avons pas encore fait nos preuves. »

Source: Le Figaro

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