TVM-RTM : Un reality-show au but en or au Maroc

Au commencement de l’émission il y a quelques mois, ils étaient 12 000 candidats. Douze mille apprentis footballeurs venus de tout le Maroc, faisant parfois des centaines de kilomètres pour arriver jusqu’aux étapes de la caravane du Pied en or. Des jeunes de 16 à 19 ans, avec un rêve vissé dans la tête: devenir footballeur professionnel.

Khalid, a grandi à Al-Hoceima, ville de l’est du Maroc détruite en février par un tremblement de terre, dont le principal terrain de foot a été transformé en camping de fortune. Depuis plus d’un an sans école ni travail, il traînait, fumait, tapait la balle dans la rue avec ses copains. Le Pied en or lui a donné l’occasion de prouver ses talents de gardien de but. Aujourd’hui, après plusieurs sélections du jury, il fait partie des 32 derniers finalistes en stage d’entraînement dans un hôtel de Casablanca.

Chaque jour, TVM, première chaîne publique marocaine, montre le résumé des aventures sportives et émotionnelles de Khalid et de ses 31 acolytes. Mais rien sur leurs histoires avec les filles. «Je savais depuis le début que ce n’était pas possible, la société marocaine n’est pas mûre pour ça», explique Ramzi, célèbre présentateur et producteur à l’origine du concept, déjà en passe d’être revendu à d’autres pays arabes. Un docu-soap résolument social, bien loin des motivations purement commerciales des Star Ac’ et autres Ile de la tentation.


«Campagnes électorales»

Le programme fait malgré tout de l’audimat. «Les garçons regardent qui est le meilleur footballeur, les filles regardent qui est le plus mignon», explique une jeune fille, assise dans les gradins lors d’un match de démonstration. Sa voisine prétend être la petite amie de l’un des joueurs: «Je ne vous dit pas combien de SMS j’ai envoyé pour lui.» En effet, les téléspectateurs votent depuis quelques semaines pour leur petit préféré, celui qui sera sacré «pied en or». Dans chaque région, les proches des candidats mènent de véritables campagnes électorales. Et dès qu’ils mettent le pied dans la rue, ces footballeurs sortis du néant signent déjà des autographes à tour de bras. «Ils sont déjà des vedettes sans rien avoir encore prouvé. Nous les encadrons pour qu’ils ne se laissent pas griser», insiste Hamadi Hamidouch, ancien joueur international et l’un des entraîneurs du programme.

Ce soir a lieu la grande finale. Les joueurs séparés en deux équipes s’affronteront dans le plus grand stade du pays, à Casablanca, en direct, devant les caméras.

Les gagnants partiront en stage en Europe. Déjà, de nombreux clubs marocains et même étrangers appellent pour poser des options sur les jeunes footballeurs. «J’aimerais jouer un jour au Real Madrid», se prend à espérer l’un des favoris du public. «L’objectif est vraiment de les pousser. Si 10 d’entre eux font une grande carrière, ce sera super!» positive Ramzi. «Nous voulons aussi faire comprendre aux autorités du pays qu’il y a plein de talents techniques dans la rue, qu’il faut simplement leur donner des moyens en créant des centres de formation», ajoute Abderrahim Taleb, préparateur physique de plusieurs équipes nationales, qui s’est joint avec enthousiasme à l’initiative. En tout cas, l’élan est lancé. Dans tout le pays, des jeunes s’entraînent déjà en rêvant qu’ils seront le «pied en or» de la seconde édition.

Armandine Penna
Source : 24heures.ch