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Maroc: préparatifs pour un mois de Ramadan de grande piété

Des corans rouge carmin ou vert émeraude à profusion, sur les étalages des commerçants de la Souika de Rabat, signalent l'approche du ramadan, le mois de jeûne qui suscite au Maroc une grande piété mais aussi une consommation débridée.

Dans les ruelles de l'ancienne ville impériale, à côté des présentoirs omniprésents offrant amandes, noix, anis et légumineuses, de nombreuses boutiques proposent une variété de corans, écrits en caractères marocains ou orientaux.

Un grand supermarché de la ville, fréquenté surtout par des élites locales et par la communauté étrangère de la capitale, n'a pas manqué à la règle, consacrant un grand rayon aux corans de format encyclopédique.

D'autres corans, de différentes tailles, allant du micro-livre aux dimensions d'une boîte d'allumettes jusqu'à des tailles imposantes, sont exposés dans la rue grouillante et étroite de la Souika, dans l'ancienne médina de Rabat, à côté de cassettes audio et CD de psalmodie et de multiples exégèses de cheïkhs égyptiens ou saoudiens.

Zhor Laghlimi, 53 ans, affirme que les clients lui demandent surtout des micro-corans pour les offrir en cadeau à des proches. "J'étale dans la rue, je n'ai pas de boutique", se plaint Zhor qui regrette d'avoir abandonné ses études, en terminale, il y a une trentaine d'années.

"Certains clients, indique-t-elle à l'AFP, demandent de nombreux corans. Ils les offrent aux mosquées pour la récitation du livre saint les vendredis et chaque jour au long du mois de ramadan".

"Ca me rend joyeux, la piété pendant le mois sacré", déclare Khalid Belhadi (30 ans), employé d'un office public. "Les corans qui sommeillent dans les armoires, les Marocains les sortent et les lisent pendant le ramadan, c'est très bien et je n'y vois aucune hypocrisie".

Pour Hassan Belyazid, peintre en bâtiment dans le quartier populaire El Farah, "depuis le début de chaâban - mois de l'hégire qui précède le ramadan - "la fréquentation des mosquées a nettement augmenté, et les gens ont commencé à jeûner, se rapprochent de plus en plus de ramadan et de leur Créateur".

Dans son quartier, le plus peuplé de Rabat, Hassan relève toutefois une frénésie d'achats. "Partout il y a du miel, qu'on verse sur la chebbakia " - un gâteau à base de farine frite. "Les commerces de réparation fleurissent aussi", ajoute-t-il.

"On répare les réfrigérateurs, téléviseurs et récepteurs de chaînes de télévision, les petits moulins électriques. Et il y en a qui n'oublient pas de renouveler les cordons usés de leurs cocottes de cuisine", précise-t-il.

Hamid Benomar, 24 ans, se contente de son commerce de lunettes solaires. "Cela me suffit. les fumeurs au visage gonflé, à cause du jeûne, et les femmes qui se cachent le visage faute de maquillage, ont tous besoin de lunettes", assure-t-il. Sur un ton humoristique, son ami Brahim rétorque: "en fait, elles se maquillent tout le temps, ramadan ou pas ramadan!".

"Sur la table de rupture du jeûne, il y a un peu de tout: la harira (soupe), les oeufs durs, les dattes, le lait, le café, la chebbakia, les jus, et le poisson frit", dit Nadia, la quarantaine, faisant la queue devant une boutique qui vend des feuilles de "pastilla".

Pour répondre aux besoins de la population au cours du mois sacré et éviter toute inquiétude, le gouvernement marocain s'est engagé, dans des communiqués officiels, à approvisionner le marché en quantités suffisantes.

Le ministère de l'Agriculture a ainsi annoncé avoir assuré la production, pour le mois de ramadan, de 50 millions de litres de lait, de 9.200 tonnes de viandes rouges, de 24.000 tonnes de viandes blanches et de 210 millions d'oeufs.

"Il n'y a pas que chez nous que c'est comme ça, c'est pareil dans tout le monde arabe", commente Nadia en déplorant cette frénésie de consommation qu'elle impute à des "habitudes qui détruisent tout ce qui était beau au début".

Source : AFP

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