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Le Maroc demande des « explications » à la Guinée-Bissau concernant le Polisario

Les couacs diplomatiques du Maroc avec ses pays « amis » se succèdent et se ressemblent. Après la Libye il y a quelques jours, le Maroc a demandé au nouveau président bissau-guinéen Malam Bacai Sanha de « s’expliquer » sur la présence du chef du Front Polisario à sa cérémonie d’investiture. L’information a été rendue publique hier par l’AFP, qui cite une source proche des Affaires étrangères bissau-guinéennes.

Le roi Mohammed VI, invité à la prestation de serment s’était fait représenter. Mais son plénipotentiaire avait ajourné son voyage « quand il avait appris que le chef du Polisario Mohamed Abdelaziz serait de la partie », a ajouté l’AFP. Les mêmes sources assurent pourtant que le souverain avait personnellement apporté un soutien financier au président Sanha pour l’organisation de son investiture. Quelques jours avant son investiture, l’ancien président intérimaire (1999-2000), aujourd’hui âgé de 62 ans, avait fait le tour du continent (Angola, Cap-Vert, Gambie et Sénégal) selon l’AFP pour chercher d’éventuels soutiens.

Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères bissau-guinéen, Delfim Da Silva, « c’est une erreur diplomatique grave qu’il va falloir corriger tout de suite. Le président ne peut pas inviter le responsable sahraoui au même titre que les souverains des pays indépendants », a-t-il expliqué à l’AFP. La présidence de la république contactée par l’agence de presse française n’a pas commenté l’incident. Du côté du Maroc non plus, il n’y avait pas de réaction officielle au moment de la publication, le lundi en milieu d’après-midi.

Comme dans le cas libyen, il est reproché à l’Algérie d’être derrière ce cafouillage. Un fin connaisseur du dossier a déclaré sous anonymat, que la Guinée-Bissau avait également demandé une aide financière à l’Algérie. Il semblerait donc qu’en échange d’un soutien, l’Algérie ait proposée l’invitation du dirigeant sahraoui. Abdelaziz Bouteflika n’avait pas fait le déplacement à Bissau, il était représenté par le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah. Ce dernier a d’ailleurs été reçu par le nouveau président élu, et le premier ministre bissau-guinéen, rapporte le quotidien algérien El Moujahid. Pour le politologue bissau-guinéen et commentateur sur une radio locale, Rui Landim, « nous sommes dans un cas de « real politik » [la politique étrangère fondée sur le calcul des forces et l'intérêt national] : l’Algérie est un vieil ami de la Guinée-Bissau mais cela ne peut en aucun cas influer sur les réalités politiques actuelles ».

L’AFP a indiqué la veille que six chefs d’Etats africains étaient attendus pour la cérémonie d’investiture. L’agence de presse sénégalaise (APS) a confirmé la présence de ces six présidents à la cérémonie qui a débuté avec près de 4 heures de retard. De même, elle a confirmé la présence d’une délégation de sahraouis à la cérémonie.


La Guinée-Bissau aurait reconnu de nouveau la république autoproclamée arabe sahraouie et démocratique (RASD). Avec cette reconnaissance, la Guinée-Bissau se range selon le portail AfricaIntelligence du côté de l’Algérie au détriment du Maroc. Une attitude incompréhensible d’autant que le Maroc faisait parti des destinations ayant accueillis Malam Bacai Sanha en visite privé au mois d’août.

Ibrahima Koné
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