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Politique européenne de voisinage avec le Maroc: Rapport mi-figue, mi-raisin

Bruxelles vient de communiquer son rapport sur la politique européenne de voisinage avec le Maroc. La Commission européenne (CE) se félicite des développements très positifs des relations bilatérales et des réformes engagées par le royaume même si les domaines de la corruption, de la justice, des droits de l'Homme et de la démocratie ne sont pas encore au standard européen.

Benita Ferrero-Waldner, Commissaire aux relations extérieures et à la politique européenne de voisinage, indique que «L'année 2008 a été remarquable dans les relations Maroc-UE. Les reformes engagées par le Gouvernement marocain ont bien avancé avec le plein appui politique et financier de l'UE». L'enveloppe financière de l'instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP) allouée au Maroc dans le cadre du Programme indicatif national 2007-2010 s'élève à 654 millions d'euros dont 228,66 millions d'euros en 2008.

Le rapport révèle les développements majeurs dans l'année^ooS. Au sommaire, L'UE a considérablement renforcé l'appui aux institutions marocaines engagées dans la réforme, avec pas moins de 41 opérations de jumelage en cours ou en préparation. Le cadre macroéconomique a été consolidé malgré un contexte peu favorable. Une importante réforme de l'agriculture a été initiée pour améliorer sa productivité et renforcer son rôle essentiel dans la lutte contre la pauvreté. Le marché de l'emploi est caractérisé par la prévalence du secteur agricole et par une part importante d'emploi informel. Le développement de l'économie en général est dans le bon sens, mais le Maroc a reculé en matière de développement humain, confirmant ainsi la difficulté à transformer la croissance en développement social.

L'appréciation concerne, par ailleurs, la poursuite du démantèlement des tarifs pour le commerce des produits industriels selon les termes de l'Accord d'association et l'ouverture des négociations sur la libéralisation du commerce des services et du droit d'établissement. Les discussions se poursuivent également pour la libéralisation du commerce des produits agricoles et de la pêche. D'un autre côté, la CE voit que le Maroc joue un rôle important dans la sécurité énergétique de l'UE comme pays de transit pour les livraisons de gaz vers continent. Les préparations sont encours pour une intégration, à terme, du marché marocain de l'énergie dans celui de l'UE. En matière de sécurité maritime, L'engagement du Maroc pour rapprocher plus étroitement le transport maritime des normes internationales a eu comme résultat positif de retirer le Maroc de la liste noire du Mémorandum d'entente de Paris sur le contrôle des navires par l'État du port.

En ce qui concerne le partenariat commercial, les exportations marocaines vers l'Union ont augmenté de 3,4% alors que ses importations sont à hauteur de 16,4%.

Benita Ferrero-Waldner indique, enfin, quelques exemples de l'appui de l'UE aux réformes au Maroc. Entre autres, on note l'accord aérien qui permet à des compagnies de l'UE et du royaume de voler librement vers le territoire de l'autre partie. Le trafic aérien a déjà progressé de 17% à la suite de la créatïon de 52 nouvelles routes aériennes et de l'entrée de 12 nouvelles compagnies aériennes. L'appui de l'UE aux réformes marocaines est également lié a la fiscalité, qui vise à simplifier le système fiscal, réduire les exemptions et moderniser la TVA.

Climat des affaires: La justice... toujours!

Le Maroc, malgré des temps difficile que vit le monde aujourd'hui, continue à être un partenaire actif dans la politique de voisinage et a enregistré des progrès dans de nombreux domaines du Plan d'Action. Le rapport stipule toutefois que les dysfonctionnements du système judiciaire risquent de ne pas améliorer le climat des affaires, condition clé d'un rapprochement véritable avec l'UE. Aussi, si la faible intégration du secteur financier marocain au niveau international a protégé celui-ci des pires conséquences de la crise, les problèmes économiques mondiaux peuvent nuire à certains secteurs clés au Maroc en 2009, tels que l'immobilier de vacances, le tourisme et les exportations. Les experts européens indiquent aussi que la croissance des exportations serait freinée par la concurrence des pays à bas salaires. La récession en Europe, où travaille l'équivalent de 20% de la main-d'œuvre marocaine, pourrait influer sur la consommation des ménages au Maroc. Le nombre d'emplois d'expatriés marocains en Europe baisse, de même que le niveau des transferts de fonds. Selon la même source, il est probable que les investissements étrangers aient à souffrir du ralentissement économique en Europe et que les volumes d'investissements directs étrangers soient touchés parce que les entreprises européennes pourraient décider de reporter leurs investissements, en raison notamment de la pénurie de liquidités sur les marchés financiers.

Moncef Ben Hayoun
Source: Le Soir Echos

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