Après le recours pour l'annulation de la dissolution d'Albadil Alhadari, la défense des six dirigeants islamistes demande leur libération provisoire. Niet, répond le Parquet.
L'affaire a été révélée à grands coups d'éclat médiatiques et de révélations. Mais depuis quelques semaines, c'est le silence radio. Le réseau Belliraj n'est presque plus d'actualité, n'était-ce les dépêches ponctuelles de la MAP, informant au compte-goutte sur l'état d'avancement de l'instruction, et la récente lettre envoyée par Mohamed Mouâtassim, un des six dirigeants politiques arrêtés dans le cadre de l'affaire, aux membres de son parti (dissout). D'abord une information de taille, celle que la procédure d'instruction est bien avancée. «Elle devra être close d'ici la fin du mois de juin», affirme maître Mohamed Ziane, avocat d'Abdelkader Belliraj. le présumé chef du réseau terroriste.
La semaine dernière, mercredi plus précisément, le juge d'instruction chargé des affaires de terrorisme de la Cour d'appel à Salé avait en effet rendez-vous avec le 18eme membre de ce réseau (sur un total de 36), Houssein B., placé, au même titre que les autres, en détention préventive à la prison de Salé. Mais il y a un hic. Aucun des six dirigeants politiques ne s'est encore exprimé devant le juge d'instruction. «Aucune convocation ne leur a été adressée pour l'heure», dit maître Abderrahim Jamaï, avocat et membre du comité de défense Mouâtassim & co. A l'annonce du refus par ceux-ci de faire une quelconque déclaration, en attendant que les avocats de la défense aient droit à l'accès aux dossiers de leurs clients, le Parquet préfère donc attendre. La défense n'a pas chômé entre-temps. Rappelant que la défense a entamé en avril dernier une procédure d'annulation de la dissolution d'Albadil Alhadari auprès de la Cour suprême, Khalid Jamaï qualifie cette dissolution du parti d'excès de pouvoir, argument mis en valeur dans ce recours.
Une demande de liberté provisoire de leurs clients a également été formulée. «Mais le juge d'instruction a été catégorique dans le niet qu'il nous a opposé. Nous ne comprenons pas une telle intransigeance, sachant qu'il s'agit de personnes connues et que toutes les garanties de respect du caractère conditionnel de cette liberté ont été présentées», ajoute Jamaï. Pour lui, il s'agit d'un acte abusif démuni de tout fondement. En attendant d'être fixés sur leur sort, ils doivent se contenter d'une seule visite hebdomadaire de leurs proches et de leurs familles.
Celles-ci ne durent pas plus d'une heure. «Sans oublier les mauvaises conditions de détention dans lesquelles ils vivent et la surveillance rapprochée dont leurs moindres faits et gestes font systématiquement l'objet». Une surveillance qui n'a pas empêché Mouâtassim de communiquer avec les siens. On s'en souvient, le secrétaire général du parti dissout avait adressé une missive aux membres de sa formation. Dans son message, il dit accepter son sort «si c'est le prix à payer pour la paix et la sécurité du pays» et incite ses «frères» à être vigilants, craignant que le parti ne fasse l'objet de tentatives d'infiltration de la part des radicaux ou des extrémistes.