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Pas de service public au Maroc aujourd’hui

L’Union syndicale des fonctionnaires (USF-UMT) est déterminée. La grève de 24 heures dans la fonction publique, les administrations et les collectivités aura lieu aujourd’hui comme annoncé auparavant. «Jusqu’à maintenant, nous n’avons aucune raison ni reçu un signe encourageant de la part du gouvernement pour que nous renoncions à cette grève», a déclaré à L’Economiste Mohamed Hakech, Secrétaire général de l’USF.

Le syndicat des fonctionnaires estime que le dialogue engagé avec la Primature «n’est pas crédible du moment que Abbas El Fassi s’est contenté de promesses», affirme Hakech. «De nombreux dossiers sont en instance depuis des années déjà et le Premier ministre continue à faire des promesses au lieu de respecter, d’abord, les engagements de son prédécesseur», ajoute-t-il. L’ex-Premier ministre, Driss Jettou était effectivement arrivé en avril 2007 à un accord avec les syndicats aux termes duquel un système mobile de l’échelle des salaires devait être instauré sur la base d’une augmentation annuelle des salaires de 2%. En plus d’une réforme radicale du statut de la fonction publique vieux de 50 ans et aujourd’hui largement dépassé. D’ailleurs un sit-in national sera organisé le 26 février devant le siège du ministère de l’Emploi à l’occasion du cinquantenaire de la promulgation de ce statut.

La grève aura donc bien lieu, mais sans la participation de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM). La centrale a, en effet, annoncé dans un communiqué, lundi en début de soirée, sa décision de surseoir à tout mouvement de grève. Le syndicat du Parti de l’Istiqlal se place ainsi en porte-à-faux avec les autres syndicats qui, eux, ont décidé de maintenir le mot d’ordre de grève.

Motif invoqué par la direction de l’UGTM: il faut «accorder à l’Exécutif un délai pour qu’il puisse gérer le cahier revendicatif» qui a été présenté au Premier ministre Abbas El Fassi la semaine dernière lors des différentes réunions qu’il a tenues avec les cinq principales centrales syndicales. Mais l’argumentaire a laissé perplexe plus d’un et ne semble avoir convaincu personne à part, peut-être, les militants de l’Istiqlal.

Dans les milieux syndicaux, l’on estime plutôt que «c’est un faux-fuyant de la part de l’Ugtm dont les intérêts sont étroitement liés à ceux de l’Istiqlal». Le Premier ministre, Abbas El Fassi, n’est-il pas Secrétaire général de ce parti ? «L’attitude de l’Ugtm, quoique compréhensible politiquement, ne se justifie nullement sur le terrain de la pratique syndicale», s’indigne un membre de la direction de l’Union marocaine du travail (UMT).

Auprès de la direction de l’Ugtm, on se refuse à faire un quelconque commentaire à propos de ces affirmations. L’on se contente de renvoyer au communiqué publié sur les colonnes de la presse du parti.
En tout état de cause, hier et à l’heure où nous mettions sous presse, c’était le branle-bas de combat dans les sièges des centrales syndicales qui ont maintenu l’appel à la grève. Une mobilisation accentuée par «la défection de l’Ugtm, considérée jusqu’ici comme l’un des syndicats les plus puissants du Maroc». Ne serait-ce plus le cas ? «Plus maintenant, du moment que ce syndicat a choisi clairement et ouvertement son camp», affirme un membre du secrétariat général de l’Union nationale des travailleurs marocains (UNTM) proche du Parti de la Justice et du développement (PJD). En se «désolidarisant avec les autres syndicats, l’Ugtm a opté pour le soutien au Premier ministre au détriment de la classe laborieuse», ajoute-t-il. Une attitude jugée «antinomique avec la lutte syndicale dont se prévaut la centrale».
Auprès de la Fédération démocratique du travail (FDT), c’est le même son de cloche. La centrale, inféodée à l’Union socialiste des forces populaires (USFP) membre avec l’Istiqlal et le Parti du progrès et du socialisme (PPS) de la Koutla et du gouvernement, maintient le mot d’ordre de grève. Comme quoi la solidarité gouvernementale n’a pas joué cette fois-ci. C’est aussi l’occasion pour la centrale syndicale (et son parti) d’amorcer la réconciliation avec les bases à trois mois et demi du 8è Congrès de l’Usfp prévu début juin prochain.

La Confédération démocratique du travail (CDT) a, elle aussi, choisi d’appeler à la grève. Même si son secrétaire général, Noubir Amaoui a déclaré à la fin de la réunion de la centrale syndicale avec le Premier ministre, que la délégation de son syndicat a trouvé auprès de ce dernier «écoute et compréhension et qu’elle a reçu des promesses fermes de la part du Premier ministre que le cahier revendicatif sera soigneusement examiné».

A noter que des débrayages ont eu lieu hier dans le secteur de l’enseignement. A l’appel de la Fédération nationale de l’enseignement (FNE-UMT), le secteur a anticipé sur la grève nationale d’aujourd’hui dans la fonction publique. Les enseignants, comme les fonctionnaires des autres secteurs (agriculture, santé…) seront de la partie ce mercredi qui promet d’être noir pour Abbas El Fassi.

Revendications
Les syndicats réclament, outre les augmentations des salaires et leur alignement sur la hausse des prix des produits de consommation et de service, la réforme du statut de la fonction publique, le respect des libertés syndicales ainsi que la révision du code du travail notamment le droit de grève. Ils sont également unanimes à demander une revalorisation des salaires dans tous les secteurs relevant de l’administration.

Jamal Eddine Herradi
Source: L'Economiste

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