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Abbas El Fassi face à la grogne sociale

Finalement la montagne a accouché d’une souris. En effet, la série de réunions tenues entre le Premier ministre Abbas El Fassi et les centrales syndicales les plus représentatives s’est achevée par un communiqué laconique.

Les parties ont «convenu d’une méthodologie d’action pour l’examen des différents points évoqués dans le cadre du dialogue social». La perspective d’une nouvelle rencontre entre les partenaires sociaux est également prévue. A part cela, «rien de concret». C’est peut-être pour cette raison que les syndicats ont décidé de maintenir leur mot d’ordre de grève nationale pour le 13 février dans la fonction publique, les administrations et les collectivités locales. Le Premier ministre n’est pas arrivé apparemment à dissuader les centrales syndicales à suspendre leur mouvement. Cette grève sera pour Abbas El Fassi un baptême du feu et «la première grogne sociale « d’une telle ampleur.

Certes, El Fassi a «réaffirmé l’engagement du gouvernement, dans le cadre de sa déclaration devant le Parlement, à poursuivre le dialogue avec les centrales syndicales « estimant qu’il doit «être régulier et non conjoncturel ou occasionnel». La démarche, jugée «assez intéressante» par des syndicalistes n’en demeure pas moins «insuffisante» de l’avis d’autres. «Nous n’allons pas continuer à dialoguer alors que le pouvoir d’achat du citoyen se détériore de jour en jour, que les prix grimpent au vu et su de tout le monde et le gouvernement reste les bras croisés sans faire de proposition», affirme un leader syndicaliste. Abbas El Fassi a pourtant rappelé «les initiatives prises par le gouvernement, depuis sa nomination, dans le domaine social». Il cite particulièrement « l’augmentation du budget consacré à la Caisse de compensation en vue de préserver le pouvoir d’achat des citoyens». Le Premier ministre a également rappelé que son gouvernement a «refusé toute augmentation d’impôts en dépit des contraintes conjoncturelles, l’engagement de l’exécutif à poursuivre la généralisation du programme de couverture médicale et l’accélération du rythme de réalisation des programmes d’habitat social et des programmes de développement du monde rural».

Mais les syndicats ne l’entendent pas de cette oreille. Dans leurs cahiers revendicatifs ils ne demandent pas moins qu’une augmentation générale des salaires, une réduction de l’impôt sur le revenu (IR), un smig à 3.000 DH, de mettre fin à la hausse vertigineuse des prix des produits de consommation et aussi des services… Toutes les centrales syndicales s’accordent à dire que le gouvernement El Fassi «n’a pas fait le nécessaire pour désamorcer la crise sociale qui couve depuis quelque temps déjà». Mais quoi exactement ? Certes «l’instauration du dialogue est une bonne chose en soi, mais encore faut-il l’accompagner de mesures concrètes à même de rassurer sur les bonnes intentions de ce gouvernement», affirmera à L’Economiste un leader syndicaliste. Ce que l’on craint au juste c’est de voir «se répéter les anciens scénarios faits de promesses jamais tenues», ajoute-t-il. Il en veut pour preuve le retard de la mise en application des accords passés, l’année dernière, avec le prédécesseur d’Abbas El Fassi, Driss Jettou. Le Secrétaire général de la Confédération démocratique du travail (CDT), Noubir Amaoui, l’a clairement rappelé au Premier ministre. « Des engagements ont été convenus avec le gouvernement précédent, mais qui n’ont pas été mis en œuvre «, a-t-il affirmé. Et d’ajouter: «L’actuel exécutif est appelé, dans le cadre de la continuité, à respecter ces engagements». En tout état de cause, à l’heure où nous mettions sous presse, les centrales syndicales maintenaient encore leur appel à la grève. Le rendez-vous pour la poursuite du dialogue pris pour mars prochain, n’était pas suffisant pour les en dissuader, ni même les «promesses» du Premier ministre et du ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Jamal Rhmani.

Doléances
Les centrales syndicales ont abordé avec le Premier ministre, outre les revendications salariales classiques, les questions de la réforme du régime des retraites, l’allégement fiscal pour les salaires et les pensions, l’encouragement des conventions collectives et aussi la révision des statuts des secteurs et établissements publics.

La promotion interne, la révision du régime des mutuelles et la promotion d’un code des élections professionnelles ont également été au menu des réunions.

Jamal Eddine Herradi
Source: L'Economiste

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