Abdellah Aboulharjan est un jeune marocain ayant grandit en région parisienne dans un quartier dit difficile ou sensible à Mantes la Jolie.
Sortant des clichés établis, dès la fin de ses études il décide de se lancer dans l'entrepreunariat. Pas n'importe lequel puisqu'il prend la vague du commerce électronique encore balbutiant au début des années 2000.
MedinaShop devient ainsi la médina virtuelle pour les amoureux de l'artisanat marocain. Travaillant directement et régulièrement avec un réseau actif d'artisans au Maroc, Abdellah a su concilier racines ancestrales et modernité.
Entretien avec un marocain à l'aise dans ses babouches.
Quels sont les atouts de MedinaShop qui lui permettent de tirer son épingle du jeu ?
Notre site tout d’abord, se distingue par son ergonomie, qui lui a d’ailleurs value le prix Net d’or décerné par Wanadoo France, en 2001.
Nous avons également un réseau d’artisans très étendu au Maroc, ce qui nous permet d’offrir une gamme assez large, et de pouvoir également répondre aux demandes des professionnels.
Nous offrons également des services de personnalisation au grand public, comme la possibilité de commander son tapis aux dimensions voulues. Nous transmettons la demande directement à nos artisans, et quelques semaines plus tard, vous avez un tapis aux dimensions exactes de votre salon.
Quelles sont vos catégories de clients sur le Net? Plutôt des européens, cadres, qui aiment le Maroc ?
Nous avons une typologie de clients assez variée, c’est effectivement essentiellement des citadins. Mais pas seulement. Nous assistons à une démocratisation de l’achat en ligne, ce qui élargie également le profil de notre clientèle. Nos clients sont encore majoritairement des français, car nous communiquons essentiellement en France, mais cela devrait évoluer dès cette année.
Cela dit les autres pays sont essentiellement les USA, le Canada, l’Angleterre et d’autre pays Européens.
Vous tirez une grosse partie de vos revenus par votre activité de grossistes auprès de revendeurs. Quels sont vos gros clients ?
Je ne peux évidemment pas vous donner la liste de nos clients, mais je peux vous en citer un car il est visible sur le net, c’est le site Alapage.com qui a une boutique Marocaine sur son portail. Mais nous avons également des Magasins, des entreprises de vente par correspondance ainsi que des CE.
Mais nous avons un gros potentiel, que nous n’arrivons pas encore à développer. Nous sommes d’ailleurs à la recherche de partenaires ou d’associés. Cela peut être une entreprise qui fait déjà de la distribution et à qui nos produits pourraient être un complément. Ou un commercial confirmé dans le domaine de la distribution ou de la décoration, qui souhaiterait rejoindre une entreprise à fort potentiel. Nous sommes ouverts à toutes propositions.
Votre gage de qualité est votre réseau d’artisans partenaires au Maroc. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous avons un réseau d’une cinquantaine d’artisans sur une quinzaine de villes Marocaines. L’idée de départ de notre création était justement d’être le seul intermédiaire entre l’artisan et le client final. Ce qui réduit les intermédiaires, et donc le prix des produits, mais pas uniquement. Cela devait également nous permettre de pouvoir rémunérer les artisans un peu mieux qu’ils ne l’étaient. Cette approche s’appel plus communément le commerce équitable. C’est un processus que nous n’avons pas encore fini à mettre en place mais nous y travaillons.
L’intérêt de rémunérer l’artisan de façon plus équitable, est que nous participons à son développement et à celui de sa famille, mais aussi que nous pouvons attendre de lui des produits de meilleure qualité. Ce qui contente également au final le client.
Ne pensez-vous pas que l’engouement pour l’artisanat marocain résulte d’un effet de mode et que nous arrivons à une saturation du marché ?
Il y’a effectivement un engouement pour l’artisanat marocain depuis l’année du Maroc en France, qui pourrait subir les effets des changements de mode. Mais nous avons la chance au Maroc d’avoir des artisans créatifs et innovants. Nous collons chaque année aux nouvelles tendances, et de nouveaux produits voient constamment le jour.
Quels moyens envisagez-vous pour rebondir si le marché de l’artisanat sature ? Allez vers des produits plus haut de gamme, l’artisanat de luxe ?
Il y’a différentes niches qui peuvent être exploités. Nous réalisons déjà des produits sur mesure pour des clients qui le demande, produits qui peuvent donc allez jusqu’aux produits de lux. Nous travaillons aussi depuis près de 2 ans sur une approche « Commerce Equitable » mais la démarche n’est pas encore aboutie. C’et plutôt vers ce créneau qu’il faudrait faire des efforts, pour aider nos artisans à améliorer leurs conditions de vie.
Vous êtes jeune, d’origine maghrébine, issus des quartiers de Mantes la Jolie, et vous êtes chef d’entreprise, n’y a-t-il pas une erreur de parcours ?
Que répondez-vous aux clients sceptiques ou aux banquiers frileux après l’énoncé de toutes ces qualités ?
Depuis quand y’a t’il des parcours prédéfinis !
C’est malheureusement souvent dans la tête de beaucoup de jeunes que se créent les limites. Alors que tout est réellement possible quand on s’en donne les moyens, et le temps surtout.
Quand aux clients et autres partenaires, ce qui les intéresse c’est avant tout notre sérieux et la qualité des produits et services que nous proposons.
Vous être membre d’une associations récemment créée qui regroupe un nombre important de jeunes créateurs d’entreprises issus des quartiers dits « difficiles » de Mantes la Jolie : Association des Jeunes Entrepreneurs Mantois.
Quel est l’objectif de cette association et quels sont les moyens mis en œuvre pour encourager la création d’entreprise autour de vous ?
Je préfère quartiers sensibles, car il y’a beaucoup de sensibilité dans ces quartiers, mais aussi un dynamisme et une énergie qui en font également des quartiers créatifs et innovants.
Notre association « Jeunes €ntrepreneurs du Mantois » à pour but de :
- Sensibiliser les jeunes à la création d’entreprise
- Accompagner les jeunes porteurs d’un projet économique
- Fédérer les jeunes entrepreneurs de moins de 35 ans.
Il y’a beaucoup de dispositifs d’aides et d’accompagnement pour ceux qui souhaitent créer leurs entreprises. Nous servons un peu d’aiguilleurs pour nos adhérents et de soutien en cas de besoin.
Nous avons lancé depuis 3 mois la fédération des « Jeunes €ntrepreneurs de France », pour dupliquer notre expérience un peu partout en France. Mantes la jolie a donné de bons résultats, du coup nous sommes sollicités par d’autres jeunes et d’autres mairies en France.
Que vous réponde les jeunes mantois quand vous les poussez à créer leur entreprise et devenir maître de leur destin ?
Nous ne poussons personne, car on ne ferra jamais boire un âne qui n’a pas soif. S’il n’a pas soif il faut le laisser tranquille. Notre but n’est pas de créer des entrepreneurs, mais de permettre à tout ceux qui le souhaiteraient de pouvoir le faire. Les jeunes de Mantes qui ont rejoint l’association sont pour l’instant très satisfaits de nos prestations.
Quelle relation gardez-vous avec le Maroc ?
Je me définis comme français quand je suis en France, mais dés que j’arrive au Maroc je deviens marocain. Ce qui me permet d’être chez moi partout, contrairement à beaucoup de jeunes qui ne sont chez eux nul part !
Finalement, avoir une activité commerciale entre le Maroc et la France, n’est ce pas là le meilleur moyen de concilier son amour pour les 2 pays et sa double culture ?
C’est effectivement ma façon de vivre ma double culture.
Selon vous, quelle place peut occuper la communauté marocaine à l’étranger dans le Maroc de demain ?
La communauté marocaine à l’étranger est un atout pour le Royaume. Car ces expatriés d’un jour ou de toujours peuvent créer des échanges culturels, économiques, intellectuels et autres avec leur pays d’origine.
Une dernière petite question : Vu votre domaine d’activité sur le Web, peut-on vous qualifier d’artisan du Web ? :o)
Artisan est un terme beaucoup trop noble pour que je puisse me l’approprier ! Mais à force de travail et de persévérance, j’y arriverais certainement un jour.