La nuit du 16 Mai 2003 restera gravée à jamais dans la mémoire de Hicham Elfassi, un étudiant marocain à Paris. Son père victime des explosions survenues à la Casa de España a consenti d’importants sacrifices pour que son fils puisse réussir ses études en France. Malheureusement le sort en a décidé autrement.
Aujourd’hui, Hicham et sa famille rencontrent de grosses difficultés financières en cette rentrée scolaire. Il se retrouve seul à Paris et recherche désespérément un logement afin de se concentrer sur son doctorat, hommage posthume pour son père.
Nous vous invitons à découvrir le témoignage poignant de ce jeune marocain dans cette interview exclusive pour Yabiladi.
- Le 16 Mai représente un choc pour tous les marocains, racontez-nous un peu le déroulement des événements de cette nuit du vendredi 16 Mai.
- La nuit du 16 mai restera gravé à jamais dans ma mémoire. J’étais dans ma chambre en région parisienne en train de remplir les dossiers de candidature en DEA, mon téléphone a sonné vers 00h30 heure locale. C’était un ami qui habite à la défense, et qui est mon voisin à Casablanca. Il me demande alors si j’ai contacté ma famille, car il y’a eu des attentats pas loin de chez moi.
J’appelle donc sur le champ mes parents. Ma mère répond et j’entends derrière le bruit des sirènes et la voie des gens. Je lui demande qu’est ce qui se passe ? Où est mon père ? Est-ce que c’est à la Casa d’espana ?
Ma mère étant encore sous le choc me répond : ton père n’était pas à la ‘Casa’, il est allé avec ses amis dans un autre restaurant, et ton grand frère est parti à sa recherche, alors ne t’inquiètes pas !
Je raccroche et je téléphone à mon père sur son portable. Je tombe sur le fameux discours de Maroc Telecom, et là je commence vraiment à imaginer le pire pour mon père.
Je n’ai pas cessé d’appeler pendant toute la nuit car effectivement je n’avais aucune nouvelle. Malgré l’empressement de ma mère et mon petit frère qui se sont précipités vers la Casa d ‘espana (à 30 mètres de chez moi), ils n’ont pas réussi à trouver la trace de mon père. Ils ont recherché parmi les cadavres et vu les pires barbaries que l’être humain peut voir dans sa vie. Je préfère passer les détails très choquants.
A 6 heures du matin, je suis à l’aéroport en train de chercher un billet aller pour Casablanca. La seule place que j’ai pu trouver était à 15h00. Je prends donc l’avion sans savoir si mon père était mort ou pas.
Ce n’est qu’après mon arrivée à Casablanca que j’ai eu l’information par ma mère attristée. J’étais anéanti d’apprendre que mon père a été tué dans un attentat avec lequel il n’avait rien à voir comme toutes les autres victimes.