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Conjoncture 2006 : les patrons marocains sont optimistes

Si les pluies d’avril sont au rendez-vous, la croissance pourra atteindre 5,7 %.
Les chefs d’entreprises du secteur secondaire anticipent une hausse de la production au 1er trimestre dans l’industrie de transformation, le BTP et les mines.
L’économie marocaine devrait profiter des bonnes perspectives de croissance dans le monde et surtout dans la zone euro.

L’année 2006 se présente sous des auspices bien meilleurs qu’en 2005, et cela transparaît aussi bien dans les anticipations du patronat (voir l’avis de Hassan Chami et estimations sectorielles en pages suivantes ) que dans les prévisions du ministère des Finances et du Haut commissariat au plan (HCP).

Même si, au vu des résultats - encore provisoires, certes - de l’exercice écoulé (1,8 % de croissance selon les Finances et 1,6 % selon le HCP), l’année 2006 ne peut être que meilleure, il reste que les prévisions des uns et des autres donnent une configuration nettement plus confortable qu’une simple amélioration qui résulterait de la faiblesse de l’activité en 2005.
En effet, si dans la Loi de finances on table sur une croissance en 2006 de 5,4 %, le HCP, lui, paraît, pour une fois, plus optimiste que le gouvernement. Tout en prévoyant que le PIB s’accroîtrait de 5,2%, dans l’hypotèse, entre autres, d’une récolte céréalière de 67 millions de quintaux, le HCP estimait, toutefois, en janvier dernier, que si les conditions climatiques restaient au printemps aussi favorables qu’elles l’ont été en automne, la production céréalière atteindrait 75 millions de quintaux, auquel cas le PIB grimperait à 5,7 %. Ce scénario est désormais tout à fait réalisable, vu les pluies de ces dernières semaines et moyennant des précipitations, même modérées, en avril et mai prochains.

Légère hausse de la production dans l’industrie de transformation
Pour rester dans le secteur primaire, signalons que la branche de la pêche devrait bénéficier de conditions très favorables pour son expansion. Ces conditions concernent notamment la mise en place d’un plan d’investissement sur la période 2006-2010 d’une enveloppe de 742 millions de dirhams. Le plan comporte plusieurs volets : la modernisation de la flotte côtière et des équipements des ports, le renforcement et la poursuite de la mise à niveau des infrastructures de commercialisation, à travers la construction de onze nouvelles halles de poissons de nouvelle génération et de neuf marchés de gros en partenariat avec les collectivités locales. A cela, on peut ajouter le déplacement de la consommation du poulet vers le poisson.
En tout cas, et pour reprendre l’expression du président de la CGEM, Hassan Chami, le monde de l’entreprise, en ce début de 2006, est balayé par un vent d’optimisme qui ressort fort bien tant dans les réponses des différents opérateurs interrogés par La Vie éco que dans l’enquête du Plan menée auprès de chefs d’entreprises relevant du secteur secondaire.
D’après cette enquête, les pronostics des chefs d’entreprises avancés pour le premier trimestre de 2006 prévoient une légère hausse, environ 1%, de la production dans le secteur de la transformation. Le secteur du BTP, lui, poursuivrait de manière soutenue la tendance haussière de son activité. Tout ceci évidemment est généré par le dynamisme accru que connaît la branche de l’habitat ainsi que le lancement et la poursuite de chantiers d’infrastructures routières, touristiques et des barrages.

La demande des ménages se raffermit
La production minière, de son côté, progresserait de 6% en ce premier trimestre de 2006, une progresssion imputable par le HCP, sur la foi des appréciations des chefs d’entreprises, à la hausse en particulier de la production des minéraux non métalliques, donc du phosphate (+ 7 %), mais aussi des minéraux métalliques (+ 3 %). La production énergétique, en revanche, poursuivrait la tendance baissière (- 2 %) qu’elle a connue au quatrième trimestre de 2005 (- 4 %), mais pas sur l’ensemble de l’année, cela s’entend, puisque l’électricité, à elle seule, a progressé de 8 % en 2005. Cette baisse sur le premier trimestre de 2006 de l’activité énergétique est expliquée par la régression à la fois de la production du pétrole raffiné (- 2 %) et de l’électricité (- 1 %).

Le HCP prévoit que le secteur secondaire, sur l’ensemble de l’année, devrait enregistrer une croissance de 4,7 %, provenant essentiellement de l’essor que connaissent le BTP et les activités minières.
Le secteur des services n’est pas en reste. Surtout la composante marchande (donc non compris l’administration) devrait tirer profit des performances des activités financières, du tourisme, des télécommunications et du transport. Les estimations pour le premier trimestre ne sont pas disponibles sur ce volet, mais sur l’ensemble de 2006, la valeur ajoutée devrait progresser de 5 %.
Avec le bon comportement prévisible du secteur agricole, essentiellement, la consommation des ménages, variable importante de la croissance, s’accroîtrait de 6,5 % contre seulement 1,7 % en 2005 (l’impact de l’agriculture apparaît ici très nettement).

Enfin, cette configuration très favorable de l’activité économique en 2006 devrait être également encouragée par des perspectives internationales qui s’améliorent progressivement, en dépit du niveau toujours élevé du cours moyen du baril de pétrole brut, estimé à 61,7 dollars au lieu de 51 dollars en 2005. En fait, c’est la progression prévue de la croissance dans la zone euro, principal partenaire du Maroc, qui intéresse le plus puisque, ce faisant, la demande qui sera adressée au Maroc augmenterait d’autant. Les raisons d’être optimiste sont là.

On s’achemine vers une production céréalière de 75 millions de quintaux, ce qui dopera la demande des ménages qui devrait croître de 6,5% en 2006, contre 1,7% seulement l’année précédente.

Salah Agueniou
Source : La Vie Economique

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