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Energies renouvelables : Un programme de diversification en projet

Porter la part des énergies renouvelables (ER) dans la production énergétique de 4 à 10%. Tel est l’objectif à l’horizon 2012, annoncé par Mohamed Boutaleb, ministre de l’Energie et des Mines à la 2e conférence maroco-allemande sur les énergies renouvelables, tenue les 14 et 15 mars à Rabat. Dans cette perspective, l’ambition est également d’élever la contribution des ER dans la satisfaction de la demande en énergie électrique à 20%.

Pour y arriver, un plan ambitieux de multiplication des parcs éoliens et des applications solaires photovoltaïques est en projet avec notamment la réalisation de microcentrales solaires. Quant à l’énergie éolienne, elle représente le fer de lance de cette politique qui projette de passer d’un potentiel de 54 mégawatts à 500 en 2012. Ainsi, 200 mégawatts (60 à Essaouira et 140 à Tanger) sont en cours de réalisation pour une mise en service en 2007. Quant à l’énergie solaire, une centrale de 230 mégawatts, à Aïn Bni Mathar, sera opérationnelle en 2007.

Enfin pour le photovoltaïque, 30.000 foyers ruraux sont programmés. Par ailleurs, un important projet de chauffe-eau solaires, est prévu à travers l’installation de plus de 20.000 mètres carrés de capteurs solaires par an.
Amal Hadouche, directeur général du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER), a mis en exergue à ce sujet l’importance de l’énergie éolienne. Elle a cité à cet effet la constance de la vitesse du vent sur les 3.500 kilomètres des côtes marocaines. Pour la mise en application de tous ses projets, le Royaume veut profiter de l’expertise allemande à travers des conventions de partenariat dont 5 ont été signées, mardi dernier, entre opérateurs allemands et marocains.

Notons que l’Allemagne engage 100 millions d’euros pour soutenir les initiatives en matière d’énergie renouvelable dans le monde. C’est un gros utilisateur d’énergie puisqu’il en consomme autant que tout le continent africain. Son intervention au Maroc a pour objectif de diversifier les technologies de production des ER qui s’appuie essentiellement sur les centrales hydrauliques. Or, les barrages au Maroc enregistrent souvent un déficit en eau. Aujourd’hui, un groupe de travail se penche sur la préparation d’un plan d’action qui sera finalisé en juin prochain. «Il sera essentiellement destiné au secteur agricole», précise Boutaleb.

Toutefois, parmi les facteurs qui bloquent l’essor de l’énergie solaire dans les régions enclavées, figure la réticence des populations. Ces derniers pensent qu’il s’agit d’une énergie de moindre efficacité préférant supporter le coût supplémentaire de la connexion au réseau national, estime un responsable à l’ONE.
De leur côté, les professionnels marocains des ER appellent au lancement de programmes de sensibilisation au profit des populations rurales. Ils proposent ainsi que la technologie de l’énergie solaire soit d’abord promue auprès des citadins pour qu’elle soit plus crédible aux yeux des ruraux.

En effet, les expériences de capteurs solaires dans les régions éloignées ne donnent pas encore les résultats escomptés. «Une puissance de 60 watts permet tout au plus à un foyer d’allumer 2 ampoules et un téléviseur. Or, les populations rurales veulent une énergie plus équitable», martèle un responsable d’une société d’ER.
L’expertise allemande permettra à terme de montrer l’efficacité énergétique de la technologie du photovoltaïque. Une expérience-pilote pourrait éventuellement être lancée dans un village marocain. L’année 2005 a connu l’expérimentation d’un concept nouveau. Il s’agit de la création de 1.000 Maisons d’Energie qui sont des sociétés de négoce, d’installation et de suivi en matière d’ER. Aujourd’hui, plusieurs de ces sociétés sont actives surtout dans le monde rural, dans le cadre de la stratégie nationale de généralisation de l’énergie.


Agence de régulation

Les populations de Meknès-Tafilalt s’attaquent à la forêt pour se chauffer durant l’hiver particulièrement rude dans cette région. Selon Hassan Bahi, directeur du centre régional d’investissement (CRI) de Meknès, les habitants veulent se chauffer autrement. Plusieurs propositions lui ont été soumises par des sociétés étrangères de production d’énergies renouvelables. Toutefois, pour une exploitation dépassant les 10 mégawatts, ces sociétés sont obligées de passer par l’ONE en tant qu’acheteur unique. Afin de simplifier les procédures et multiplier les intervenants en matière de production d’énergie dans les zones rurales, un projet de libéralisation est actuellement chez le gouvernement. Une fois adopté, ce projet de loi permettra à tout investisseur de s’installer en soumettant son projet à une agence de régulation.

Mustapha BENTAK
Source : L'Economiste

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