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Atlas Blue : des clients mécontents mais des indicateurs d’activité en hausse


Retards importants, mélange des genres entre le low cost et le charter..., la compagnie souffre d’un positionnement flou. Mais pourtant, son DG met en avant la croissance du trafic et celle du chiffre d’affaires.

Que se passe-t-il à Atlas Blue ? Créée en 2004 par Royal Air Maroc, elle était la première compagnie low cost marocaine à opérer dans le ciel marocain qui venait à peine de s’ouvrir aux compagnies européennes.

Quatre ans plus tard, Atlas Blue est-elle finalement une réussite ? Ou un échec comme n’arrêtent pas de le dire ses détracteurs, y compris au sein de la compagnie mère ? Une chose est sûre, la compagnie traverse une zone de turbulences et ne jouit pas d’une bonne image auprès du public en raison d’incidents de vol, de retards de plusieurs heures parfois, et d’une gestion sans grande réactivité de ces petites crises.

La commercialisation est aussi mise en cause et Atlas Blue est pointée du doigt pour avoir signé un contrat avec le tour-opérateur français Marmara qui lui assure le tiers de ses ventes, un autre tiers étant réalisé par les ventes RAM et le dernier tiers seulement par Atlas Blue elle-même. Au final, on ne sait pas si cette compagnie est une compagnie low cost ou charter, et ce mélange des genres la fait apparaître comme une compagnie outil de la RAM pour affronter la concurrence consécutive à la crise mondiale et à l’ouverture délibérée du ciel marocain.

Ce qui est, certes, de bonne guerre. Mais quand un client, muni d’un billet RAM, se présente à l’aéroport et découvre à la dernière minute qu’il va embarquer sur un appareil aux couleurs d’Atlas Blue, cela fait désordre, car dans le même appareil se côtoient des passagers qui n’ont pas payé les mêmes prestations, ni le même prix pour leur billet. Quoique pour ce dernier point, le prix du billet varie selon différentes considérations, notamment celles relatives aux dates d’achat et de départ.

Une compagnie hybride
Toujours est-il que certaines personnes travaillant à bord des avions de la compagnie RAM ou de sa filiale affirment avoir eu à gérer des situations difficilement maîtrisables... Une confusion d’images qui ne sert ni la RAM ni sa filiale, selon elles.

Selon un spécialiste du transport aérien, «la création d’Atlas Blue était une aventure irréfléchie dans la mesure où son rôle n’a pas été défini clairement, ni ses objectifs fixés avec précision ». Selon lui, la compagnie a été créée par RAM pour «calmer les ardeurs des investisseurs privés qui, voyant l’ouverture du ciel pointer son nez, ont tenté de créer des compagnies privées, comme ce fut le cas de Morrocan Airways, un projet mort-né». Il en veut pour preuve les tractations entre la RAM et le groupe TUI pour l’acquisition de Jet4you, la seule compagnie privée low cost de droit marocain, après que ses actionnaires nationaux soient sortis du capital, même si cette information a été démentie catégoriquement par la RAM.

Zouhair El Aoufir, le DG d’Atlas Blue, ne nie pas que la compagnie qu’il dirige depuis sa création soit un outil, mais «un outil national pour transporter des passagers à vocation touristique dans le cadre de la Vision 2010 et de son objectif d’atteindre les 10 millions de touristes, un outil à bas coût de la RAM qui nous permet d’offrir aux clients qui le demandent un produit point-à- point à des tarifs compétitifs».

La mission d’Atlas Blue consiste, selon lui, à accompagner la Vision 2010 en reliant les principaux marchés émetteurs aux principales destinations touristiques nationales. Et si le siège de la compagnie se trouve à Marrakech, c’est parce que Marrakech est la vitrine du Maroc. Zouhair El Aoufir affirme que la compagnie accapare aujourd’hui 37% du trafic sur Marrakech et a transporté, en 2007, 1,3 million de passagers et devrait, selon ses prévisions, dépasser en 2008 le cap des 1,5 millions, soit 10% du trafic global.

160 fréquences par semaine
Selon le DG d’Atlas Blue, la compagnie poursuit sa dynamique de développement avec 26% de croissance par an et un chiffre d’affaires qui a atteint 2 milliards de DH en 2007. Les 160 fréquences hebdomadaires assurées par la compagnie en charters ou en vols point-à-point avec ses 11 appareils lui permettent d’être présente sur tous les grands marchés (France, Italie, Angleterre, Allemagne, Espagne, Belgique, Hollande et Suisse) ainsi que certains marchés exclusivement charters comme la Pologne ou l’Irlande. Sur le plan intérieur, la compagnie dessert pratiquement tous les aéroports nationaux : Marrakech et Agadir en tête, mais aussi Fès , Nador, Oujda , Al Hoceima et Tanger.

Et selon M. El Aoufir, Atlas Blue ne compte pas s’arrêter en si bon chemin puisqu’elle s’est engagée dans un plan d’harmonisation et de modernisation de sa flotte qui devrait aboutir en 2011, avec un seul type d’avions, «des Boeing de nouvelle génération», précise-t-il. En tout cas, les critiques adressées à Atlas Blue ne semblent pas perturber outre mesure son DG, y compris quand celle-ci est qualifiée de compagnie hybride, ni complètement low cost ni franchement charter.

Mohamed Moujahid
Source: La Vie Eco

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