Plus de 82.000 Marocains d'Espagne au chômage.

La crise que traverse l'économie espagnole depuis un an resserre davantage l'étau sur les MRE. La décadence rapide du marché de l'emploi chez le voisin ibérique touche effectivement au premier chef les Marocains. Un rapport de l'Observatoire permanent de l'immigration relevant du ministère du Travail et de l'immigration, présenté jeudi dernier à Madrid, fait état d'une hausse du taux de chômage dans les rangs des MRE. Selon ce document évaluant la situation de «l'immigration et le marché du travail», le nombre d'immigrés marocains en situation de chômage en Espagne a atteint à 82.262 personnes en 2007, contre 62.085 une année auparavant. Ce qui correspond à 20.177 nouveaux sans emploi recensés, soit la plus importante hausse parmi la population étrangère établie dans ce pays. Les MRE remportent ainsi la palme des chômeurs en Espagne. Les immigrés d'origine roumaine viennent en deuxième position avec 9.653 sans-emploi, suivis par les Cubains (7.370)et les Péruviens(3.735). Cependant, souligne le document élaboré par le chercheur Miguel Pajares de l'Observatoire permanent de l'immigration, les immigrants d'origines argentine, bolivienne, équatorienne, et chinoise n'ont pas été affectés par cette conjoncture défavorable.

Il y a un an, l'Espagne affichait fièrement le niveau historiquement bas de son chômage. Il frôlait à peine 7,95 % de la population active. Au deuxième trimestre 2008, ce taux a grimpé à 10,44 %, indique l'Institut national des statistiques (INE). La dégradation du marché de l'emploi risque de se poursuivre. Au premier trimestre 2008, la croissance a été de 0,3% par rapport aux trois mois précédents. Des analystes estiment que l'Espagne pourrait entrer en récession. Les prévisions de croissance du gouvernement espagnol sont effectivement pessimistes. Selon le ministre des Finances, Pedro Solbes, la croissance économique pourrait chuter cette année à 1,6 % et continuer à diminuer jusqu'à 1 % en 2009. Le taux de chômage, de son côté, s'afficherait l'année prochaine à 12,5 %.

Selon l'Observatoire permanent de l'immigration, la situation est très critique concernant la population étrangère puisque le taux de chômage a atteint 12,4 % à fin 2007.

Intervenant à l'occasion de la présentation du rapport sur «l'immigration et le marché du travail», la secrétaire d'Etat espagnole à l'Immigration, Consuelo Rumi, a relevé que la situation actuelle du marché du travail en Espagne aura pour effet «la réduction» du nombre de nouveaux travailleurs embauchés dans les pays d'origines par rapport aux années précédentes.

Elle a fait savoir également que les prochaines embauches dans les pays d'origine seront faites selon les critères de la demande des secteurs d'activité et la qualification professionnelle des travailleurs. La priorité sera accordée, cependant, aux immigrés chômeurs déjà établis en Espagne à travers leur réinsertion dans d'autres activités. Le secteur qui a le plus pâti de cette mauvaise conjoncture est celui de la construction, où 27.200 immigrants actifs se sont retrouvés au chômage, suivi de l'agriculture (20.000), des services (7.600) et de l'industrie (700). Par ailleurs, outre les spécificités espagnoles internes, la crise économique en Espagne est nourrie par la crise financière internationale, la hausse du pétrole ainsi que celle du prix des aliments et des matières premières. Le gouvernement espagnol craint le pire : voir cette année son budget en déficit pour la première fois depuis 2004.