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Balearia se désengage de la Comanav

Coup de théâtre : l'activité «Passagers» de Comanav est mise en vente. A quelques mois seulement de sa privatisation, la compagnie gérée par Toufiq Ibrahimi subit un «morcellement stratégique». Balearia, l'opérateur espagnol qui contrôle l'activité «Passagers» de Comanav, est en passe de conclure une offre de vente au profit d'un opérateur marocain.

Pour l'instant, l'identité de ce dernier est gardée sous scellés. Pour comprendre cet événement, somme toute très important pour l'ex-compagnie étatique, il faut revenir au moment de sa privatisation. En effet, en mars 2007, la Comanav passe sous le contrôle de CMA-CGM contre 2,25 milliards de dirhams, pratiquement à son coût de valorisation. Quelques mois plus tard, ce partenaire français révèle son plan en affirmant l'existence d'un joint-venture avec l'Espagnol Balearia pour la gestion de la partie «Transport voyageurs» de la compagnie marocaine. En fait, CMA-CGM se devait de se débarrasser de ce pôle d'activité car il ne fait pas partie de son cœur de métier. Cela est d'autant plus important que le groupe français garde un très mauvais souvenir de son aventure corse sur l'activité voyageurs. En fait, l'attrait de la Comanav, dans le cas du français, réside dans l'activité portuaire (Somaport). Quant au transport de conteneurs, la Comanav ne présente aucun intérêt pour un conglomérat qui exploite des porte-conteneurs qui dépassent, chacun, la capacité totale de la compagnie marocaine. CMA-CGM achète donc Comanav avec ses faiblesses (flotte vieillissante, forte concurrence...) pour se frayer une place au port de la capitale économique. Actuellement, Somaport s'active pour transformer le quai d'agrumes en terminal à conteneurs.

En revanche, Balearia a pris les rênes de Comanav Voyage, mais pas pour longtemps. Faute de pouvoir rentabiliser l'exploitation d'un matériel d'occasion, l'espagnol a décidé de plier bagages. Balearia s'était positionné sur le Maroc par réflexe car l'entreprise voulait réaliser une opération de développement tout en damant le pion à son concurrent Acciona. Ce dernier ne pouvait pas postuler pour la compagnie marocaine car il était, et il l'est toujours, frappé d'une interdiction de la part de l'UE pour position dominante. Balearia, croyant bien faire, saute sur l'occasion, mais l'armateur se rendra rapidement compte que la Comanav n'est pas le joyau qu'on lui a fait miroiter. L'affaire sera récupérée par des opérateurs marocains qui se préparent à la gestion de l'un des six quais du port voyageurs de Tanger-Med. Justement, pour disposer de cette concession portuaire, TM-SA exige la taille critique. La reprise de Comanav Voyage le permet.

Khalid Tritki
Source: Le Soir Echos

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