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Pas de hausse des taux de crédits au Maroc avant au moins six mois

Bonne nouvelle pour l'investissement à long terme et le crédit immobilier : l'Etat évite une hausse des taux en limitant sa demande obligataire. Est-ce une tendance ou juste une mesure conjoncturelle ?

Mercredi27 février, le Trésor n'a adjugé que 100 MDH sur une de­mande de 7,7 MMDH. Cette émis­sion n'a concerné que les bons à 5 ans, alors que le Trésor était cen­sé émettre des titres à long terme. Qu'est-ce que cela veut dire ? Pour les opérateurs du marché, c'est un signe fort qui a une seule et unique interprétation : il n'y aura pas d'aug­mentation de taux. Donc, si vous voulez contracter un crédit immobilier ou d'investissement, soyez ras­suré. Il n'y aura certainement pas d'augmentation des taux, au moins pour les six premiers mois de l'année. Et pour cause, il y a très peu de chances que les bons du Trésor à long terme (avec des maturités allant de 10 à 20 ans) qui consti­tuent les références des taux de crédit de plus de 7 ans, toutes ca­tégories confondues, soient émis d'ici fin juin, et encore. Ces affirmations mettent fin aux craintes formulées à la fin de l'année dernière par rapport à une éventuelle hausse des taux qui toucherait le secteur immobilier.

Cette situation traduit parfaitement la volonté de l'Etat de ne pas toucher aux tarifs des crédits à l'économie, et particulièrement des crédits immobiliers. Le marché craignait l'effet négatif d'un éven­tuel changement de taux sur le dy­namisme de l'économie en général, et du secteur qui tire la croissan­ce en particulier. Certains analys­tes estiment que cette situation est contradictoire avec la volonté de l'Etat de limiter les risques de bulle immobilière. Réduire ce risque pas­se obligatoirement par une hausse des taux qui conduirait fatalement à une réduction des prix immobi­liers. Cette hausse est parfaitement possible dans ce contexte. Toutefois, la hausse des taux, aussi minime soit-elle, réduira automatiquement les ventes de l'immobilier neuf, ce qui menace la croissance de tous les secteurs liés au secteur (BTP, maté­riaux de construction...). Compte tenu de la croissance exponentiel­le du financement du secteur, le ra­lentissement de l'activité bancaire serait inévitable.

Mais jusqu'à quand pourra-t-on maintenir le statut quo ? Les inves­tisseurs en valeurs du Trésor n'ont aucune visibilité par rapport au taux auquel s'attend le Trésor pour émettre des bons à long terme. Il faut qu'ils soumissionnent à des taux si­milaires aux taux directeurs actuels pour ne pas influencer les tarifs de crédit. Cela est Pratiquement im­possible. Proposer des taux pareils (4%) pour les bons à long terme réduira à néant leur rentabilité et pé­nalisera leurs clients. Il faut donc attendre que le Trésor ait un besoin pressant de financement qui ne peut être comblé que par une émission de bons à long terme pour relancer les taux à la hausse. Compte tenu du contexte actuel, cela ne risque pas d'arriver, même à moyen ter­me, selon les analystes.

Les caisses sont pleines
Les analystes du marché obligataire sont unanimes à dire que le Trésor n'a pas besoin d'argent. Les recettes fiscales, celles de la privatisation et les avoirs extérieurs nets lui per­mettent de se passer de la dette intérieure, du moins pour les quelques mois à venir. Pour preuve, le Trésor est très avare sur le marché des adjudica­tions. Il ne lève qu'une toute petite partie des soumissions qui lui sont présentées cha­que semaine, sous, forme de bons à court et moyen terme.

Il n'y a pas que le Trésor qui contribue au maintien des ni­veaux de taux inchangés. Bank Al Maghrib y contribue aussi. En effet, la Banque centrale injecte des fonds sur le marché monétaire à des taux préféren­tiels pour limiter les tensions sur le marché obligataire. Rien que la semaine dernière, la BAM a attribué 11MMDH aux ban­ques sous forme d'avance à trois jours à 3,15% pour constituer la réserve obligatoire, qui repré­sente 15% de leur fonds pro­pres. D'habitude, ces avances sont facturées à 3,35% dans un contexte pareil. Tous cela pour dissuader les banques de recou­rir aux marchés obligataires pour dégager des liquidités. Ce qui laisse deviner que Abdellatif Jouahri, wali de la banque cen­trale, s'aligne sur les conditions de financement du ministre de l'Economie et des Finances.


Nouaim Squalli
Source: Le Soir Echos

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