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La station de Mogador marche sur la forêt

C'est fait. Le gouvernement a donné son aval pour que la station Mogador gagne plus de 238 hecta­res sur le domaine forestier. La su­perficie est impressionnante, surtout quand il s'agit de forêt: 238 hecta­res, c'est immense.

Mais voilà, sans grand bruit, le Haut commissariat aux Eaux et Forêts (HCEF) et les ministères du Tourisme de et de l'In­térieur ont déjà donné leur aval pour faire de cet espace une propriété pri­vée de l'Etat. Il servira par la suite à l'extension de la station touristique de Mogador, prévue dans le cadre du plan Azur. Ce projet, lancé en 2005, est programmé sur une su­perficie de 580 hectares.

Première tranche
Il se situe à proximité de la ville d'Essaouira et prévoit la création de plusieurs unités hôtelières. La première tranche, qui s'étend sur 320 hectares, sera achevée cette an­née. Les investisseurs y ont prévu la construction de trois hôtels et de deux golfs. La nouvelle superficie arrachée à la forêt ne sera donc pro­bablement pas utilisée pour l'amé­nagement de nouveaux parcours de golf... Cela aurait été, plus ou moins, un moyen de sauvegarder les espaces verts.

Détruire des espaces forestiers est un acte difficilement accepta­ble, mais dans ce cas de figure, il est carrément choquant. Et pour cause, la province d'Essaouira est connue pour sa culture de l'arganier. L'arbre rare pousse exclusivement au Maroc (et au Mexique, mais à moindre échelle). Dernièrement, la cote de ce produit a sensiblement augmenté avec l'intérêt de plus en plus franc des grands laboratoires de beauté (l'un d'entre eux a même demandé l'exclusivité de la marque «Argan»). Inutile de répéter donc qu'il s'agit d'un trésor que le Maroc s'est engagé à mettre en valeur et exploiter comme produit «phare» du terroir. Mais ce n'est pas en sa­crifiant des espaces forestiers qui pourraient accueillir la culture de l'arganier, notamment grâce aux conditions climatiques et à la nature du sol, qu'il y parviendra.

Eaux et forêts
Contacté, le Haut commissariat aux Eaux et Forêts (HCEF), indique seulement que ce terrain lui a été retiré. Cette opération de passation de propriété prévoit de rémunérer indirectement le HCEF.

Le montant, qui n'est pas enco­re connu, sera versé au Fonds de remploi domanial (FRD) dans la rubrique Eaux et forêts. Il devra servir à l'acquisition et à la plan­tation de nouveaux terrains fores­tiers. Autrement dit, déshabiller Pierre pour habiller Paul. Plus à l'est, rappelons que le projet de l'espagnol Fadesa à Saïdia suscite lui aussi quelques réserves chez les écolos de l'Oriental. Alors que la phase de commercialisation a déjà commencé, les promoteurs du projet affirment «avoir trouvé une solution raisonnable».

Ichrak Moubsit
Source: Le Soir Echos

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