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Les jeunes diplomés marocains toujours confrontés à un fort chômage

Peu de jeunes inscrits actuellement à l’université croiront à l’engagement du gouvernement de porter le taux de chômage à 7% en 2012. Le rapport détaillé sur l’emploi et le chômage que vient de publier le Haut-Commissariat au plan (HCP) montre en effet que c’est surtout les «15-24 ans» qui sont les plus touchés par le fléau du chômage, avec ou sans diplôme. Le taux de chômage dans cette tranche de la population diplômée du supérieur est de 55,5%. Cela équivaut à cinq fois la moyenne nationale.

Pour l’économie marocaine, l’aubaine démographique joue donc à l’envers. C’est le cœur de sa force vive qui subit également les affres du chômage: quatre demandeurs d’emploi sur dix ont moins de 25 ans.

Autre tendance inquiétante, le chômage de longue durée se transforme en donnée structurelle: selon le HCP, deux demandeurs d’emploi sur trois (65%) sont au chômage depuis plus d’un an. En milieu urbain, cette proportion atteint des sommets, à près de 70%. Par ailleurs, la moitié des 1,062 million de personnes sans emploi recensées à fin 2006 (les données recueillies par le HCP s’arrêtaient à cette date) n’a jamais travaillé. Dans ces conditions, il apparaît que, pour une large part de chômeurs, la possibilité de s’insérer sur le marché est de plus en plus compromise.

Mais le plus inquiétant de la photographie du chômage brossée par le Haut-Commissariat au plan concerne les jeunes diplômés. Le taux de chômage des titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur s’établit à 23,7%, avec des pointes dans les grandes villes où la proportion des jeunes diplômés de l’université sans emploi est trois points au-dessus de la moyenne nationale. Le plus grave est la persistance du chômage à longue durée dans cette catégorie de demandeurs d’emploi: quatre diplômés du supérieur sur cinq sont au chômage depuis plus d’un an. C’est, en effet, l’un des paradoxes du marché de l’emploi dans le Royaume: plus on est qualifié (mais quelle qualification?), plus on reste longtemps sur la touche. A fin 2006, la population des chômeurs titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur était estimée à 252.000.

Perte de l’employabilité
A l’évidence, le phénomène va en s’accentuant. La baisse observée ces derniers mois dans les statistiques du chômage n’empêche pas la montée d’un noyau dur des personnes pour lesquelles les horizons sont plus que bouchés avec, à la clé, la perte d’employabilité.

Ce qui est certain, c’est que l’enquête du HCP conforte encore plus qu’on ne l’imaginait les griefs des entreprises à l’encontre d’un système éducatif qui s’apparente de plus en plus à une fabrique à chômage. En attendant que la professionnalisation des cursus à l’université produise les premiers effets, le contingent des diplômés au chômage continuera à grossir.

La persistance du chômage des diplômés du supérieur repose en tout cas le problème de l’efficacité des politiques publiques (au sens large) de lutte face à ce phénomène qui exige une approche globale. Elle montre surtout les limites du traitement social à travers le levier des subventions des emplois des jeunes diplômés et l’exigence de la mise en œuvre de réformes radicales dans le système d’enseignement. Par ailleurs, les programmes de reconversion à la carte, aussi efficaces soient-ils, ne peuvent pas absorber des milliers de jeunes gens qui arrivent sur le marché tous les ans.

Le chômage des diplômés a accentué le déséquilibre des rapports de force sur le marché. Faute de trouver des emplois adaptés à leur qualification, beaucoup de jeunes acceptent de travailler pour des emplois «en dessous» de leurs prétentions initiales. Les centres d’appels, par exemple, recrutent massivement des candidats bac+4 à Casablanca et dans plusieurs grandes villes du Royaume.

Nezha Maachi
Source: L'Economiste

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