Un film espagnol sur les morts de la traversée du détroit

Le 25 octobre 2003, par une nuit de tempête, la mer engloutissait la barque et ses 58 passagers marocains qui avaient payé 20.000 dirhams chacun pour cette traversée fatale.

Le naufrage a eu lieu à seulement 200 mètres de la côte de Rota, près de Cadix (sud ouest de l'Espagne), mais seulement cinq jeunes marocains ont été sauvés.

Finalement, la mer ne rendra que 37 corps dont les dépouilles de 12 jeunes issus de la même localité de Hansala, près de Béni Mellal. Le nombre de morts est passé dans l'histoire comme celui de la plus grande tragédie de l'immigration irrégulière, connue jusqu'alors. Le drame avait causé indignation et grand émoi aussi bien en Espagne et au Maroc et le souvenir reste encore vivace dans la localité de Rota où 13 corps ont attendu en vain d'être identifiés, pendant trois longues années. Ils seront finalement enterrés en 2006 au cimetière de Cadix et leurs stèles funéraires portent la lapidaire inscription: "Naufrage de Rota: 25-10-2003".

Pour témoigner de ce drame et de la tragédie de l'immigration clandestine par mer qui continue de faucher d'autres vies, la cinéaste espagnole a décidé d'intituler son film "Retour à Hansala". L'équipe de tournage est sur place depuis une semaine, après avoir réalisé des prises de vue à Tanger, Khouribga.
Conçu comme un "Road-movie", le film tourné en arabe, espagnol et berbère veut témoigner des morts de Hansala en ramenant l'histoire à celle d'un propriétaire de pompes-funèbres avide de faire des affaires avec les cadavres et de la soeur d'un des naufragés. Ils entreprennent ainsi le long voyage de Cadix à Hansala à bord d'une fourgonnette pour rapatrier le corps. L'occasion de se heurter à la dure réalité d'un village du Moyen-Atlas qui a poussé ses jeunes à l'expédition tragique vers d'autres terres.

La réalisatrice espagnole qui est à son septième long métrage a eu recours à de grands acteurs espagnols qui ont joué dans des films récents à succès. Une jeune marocaine, établie en Espagne, Farah Hamed, y fait également ses débuts.

Mais les vrais protagonistes, selon la cinéaste, restent les habitants de Hansala et les propres parents et familles des naufragés qui jouent leurs propres rôles dans le film.

Dans ces conditions, le tournage sur place a été "vraiment émouvant car on touche le reflet du plus grand drame que les morts du Détroit laissent derrière eux: les proches parents encore en vie", a dit, dans une note parvenue à la MAP, la cinéaste Chus Gutiérrez.

Source: MAP