La Maison Blanche a fait pression pour "préserver l'option de l'usage de la torture"
WASHINGTON, 13 jan (AFP)
La Maison Blanche a fait pression l'an dernier sur les sénateurs pour bloquer l'adoption d'un amendement qui aurait empêché la CIA d'avoir recours à la torture dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, a révélé jeudi le New York Times.
Cette disposition, qui devait être intégrée dans la loi sur la réforme du renseignement, aurait interdit l'usage de la torture ou de traitements inhumains lors des interrogatoires de prisonniers soupçonnés de terrorisme. Elle aurait aussi obligé la CIA et le Pentagone à rendre compte au Congrès des méthodes utilisées pour interroger les suspects.
Ces points de la réforme étaient sur le point d'être largement approuvés par le Sénat lorsque la Maison Blanche est intervenue auprès des leaders du Congrès. "L'administration a voulu préserver l'option de l'usage de la torture", a estimé sous couvert de l'anonymat un élu démocrate cité par le New York Times.
Parmi les courriers adressés aux sénateurs pour leur demander de ne pas changer les règles entourant les interrogatoires, figurent une lettre de Condoleezza Rice , conseillère pour la sécurité nationale du président George W. Bush, et une autre du Pentagone "appelant fermement" les élus à revoir leur position, ajoute le journal.
Le président Bush a promulgué le 17 décembre la plus grande réforme du secteur du renseignement depuis plus d'un demi-siècle, trois ans après les attentats du 11 septembre 2001.
La Maison Blanche défend des méthodes d'interrogatoire musclées
LEMONDE.FR | 13.01.05 | 20h07
L'administration américaine a reconnu, jeudi 13 janvier, avoir demandé au Congrès d'abandonner un projet de loi visant à limiter le recours à ces méthodes.
La Maison Blanche a reconnu, jeudi 13 janvier, que l'administration du président George W. Bush avait exhorté le Congrès à abandonner un projet de loi visant à maîtriser le recours aux méthodes d'interrogatoire musclées par les services de renseignement américains.
Le porte-parole de la Maison Blanche, Scott McClellan, a néanmoins précisé que George Bush avait clairement fait part de son opposition à la torture, quelles que soient les circonstances.
"Nous disons clairement que nous n'excusons pas la torture. Le président n'autorisera jamais la torture, et cela s'applique à tout le monde", a-t-il dit.
Le New York Times rapporte jeudi sur son site Internet que des membres du Congrès ont renoncé le mois dernier, à la demande de la Maison Blanche, à une mesure législative imposant aux services de renseignement de nouvelles restrictions à l'usage de méthodes d'interrogatoire extrêmes.
Le Sénat avait pourtant approuvé le texte par 96 voix contre deux dans le cadre d'une réforme de la législation concernant ces services. M. McClellan a reconnu que la Maison Blanche avait envoyé une lettre aux parlementaires en octobre pour expliquer son opposition au projet de loi.
Condoleezza Rice, conseillère de la Maison Blanche pour la sécurité nationale et prochaine secrétaire d'Etat, y justifiait cette opposition par le fait que le projet de loi "accorde aux détenus étrangers une protection légale à laquelle il n'ont pas droit en vertu de la législation applicable".
Le projet de loi interdisait surtout aux agents américains l'usage de la torture ou de traitements inhumains et imposait à la CIA et au Pentagone de remettre au Congrès un rapport sur leurs méthodes, selon l'article du NYT.
Quelques responsables démocrates ont affirmé au journal que l'administration Bush essayait de maintenir une certaine latitude légale pour permettre à la CIA d'avoir recours à des pratiques d'interrogatoire "musclé".